Lelivre « apaise ton cĆur et fleuris ton Ăąme » vraiment jâaime trooop . 29 Oct 2021
Sujet poĂ©sie et chanson mĂ©diĂ©vales, humour mĂ©diĂ©val, Goliards, poĂ©sie goliardique, chanson Ă boire, latin, chants de Benediktbeuern PĂ©riode moyen-Ăąge central, XI au XIIIe siĂšcle Titre Bache, Bene Venies », Carmina Burana, Auteur anonyme. Compositeur Carl Orff InterprĂštes Oni Wytars & Ensemble Unicorn Bonjour Ă tous, la faveur de la fin de semaine, revenons un peu Ă la bonne humeur et Ă la fĂȘte avec la poĂ©sie goliardique de la Cantate Carmina Burana de Carl Orff, tirĂ©e elle- mĂȘme du manuscrit ancien du moyen-Ăąge central appelĂ© le Codex Buranus 179 et connu encore sous le nom des Chants de Benediktbeuern. Codex Buranus, dĂ©tail miniature, poĂ©sie goliardique, chanson Ă boire, moyen-Ăąge central Comme pour les plus de trois-cents autres textes et poĂ©sies du manuscrit, lâauteur du chant du jour est restĂ© anonyme. A la maniĂšre des goliards, ces joyeux clercs itinĂ©rants, quelque peu portĂ©s sur la boisson et les plaisirs de la chair, on cĂ©lĂšbre le Dieu Bacchus dans cette chanson Ă boire et, avec lui, les plaisirs du vin. Chanson Ă boire latine du moyen-Ăąge central Oni Wytars & Ensemble Unicorn ous avons dĂ©jĂ mentionnĂ© ici, Ă plusieurs reprises, les deux formations Oni Wytars et Unicorn toutes entiĂšres dĂ©diĂ©es au rĂ©pertoire musical mĂ©diĂ©val et qui ont alliĂ©es leurs talents et leurs artistes Ă la faveur de plusieurs productions. En 1997, dans lâalbum intitulĂ© Carmina Burana, Medieval Poems and songs » dont est extraite la piĂšce du jour et donc nous avons Ă©galement dĂ©jĂ parlĂ© ici, les deux ensembles allemand pur Oni Wytars et autrichien pour Unicorn rendaient hommage Ă la cantate de Carl Orff et Ă la poĂ©sie goliardique. Bache, bene venies », cette vĂ©ritable ode Ă Bacchus et au vin ouvrait dâailleurs lâalbum et lui donnait le ton. Bache, bene venies, les paroles latines et leur adaptation/traduction libre en français Bache, bene venies gratus et optatus, per quem noster animus fit letificatus Bacchus, soit le bienvenu, Toi le plaisant et dĂ©sirĂ©, Par qui notre esprit Se remplit de joie. Istud vinum, bonum vinum, vinum generosum reddit virum curialem, probum, animosum Ce vin, ce bon vin, Le vin gĂ©nĂ©reux, Rend lâhomme noble, Probe et courageux. Bachus forte superans pectora virorum in amorem concitat animos eorum Bacchus en dominant Le cĆur des hommes Attise lâamour Dans leur Ăąme Bachus sepe visitans mulierum genus facit eas subditas tibi, o tu venus Bacchus, qui visite souvent Les femmes, Les subjugue et les soumet, Ă VĂ©nus. Bachus venas penetrans calido liquore facit eas igneas veneris ardore Bacchus, en pĂ©nĂ©trant les veines De sa chaude liqueur Les enflamme toutes Ă la fois Du feu de VĂ©nus. Bachus lenis leniens curas et dolores confert jocum, gaudia, risus et amores Bacchus adoucit et allĂšge Les soucis et les peines, Et prodigue jeux, joies, Rires et amours. Bachus mentem femme solet hic lenire, cogit eam citius viro consentire. Bacchus apaise toujours Lâesprit des femmes, Et les pousse plus facilement A consentir leurs amants. A qua prorsus coitum nequit impetrare, bachus illam facile solet expugnare. A celle dont on ne pouvait Obtenir la jouissance, Bacchus en facilite La conquĂȘte. Bachus numen faciens hominem jocundum, reddit eum pariter doctum et facundum. Bacchus rend puissant Lâhomme heureux, Et le fait Ă©galement Aussi savant quâ Ă©loquent. Bache, deus inclite, omnes hic astantes leti sumus munera tua prelibantes. Bacchus, illustre dieu, Chacun de nous ici est heureux De cĂ©lĂ©brer tes bienfaits. Omnes tibi canimus maxima preconia, te laudantes merito tempora per omnia. Tous nous chantons Tes plus grandes louanges et tes grands mĂ©rites Pour les siĂšcles des siĂšcles. En vous souhaitant une belle journĂ©e. Fred Pour A la dĂ©couverte du monde mĂ©diĂ©val sous toutes ses formes. Sujet musique et chanson mĂ©diĂ©vales, poĂ©sie goliardique, golliards, poĂ©sie latine et satirique PĂ©riode XIIe, XIIIe siĂšcle, moyen-Ăąge central Titre Tempus Est iocundum Carmina Burana Manuscrit ancien Codex Buranus 179 Compositeur Carl Orff Karl InterprĂštes Oni Wytars & ensemble Unicorn Bonjour Ă tous, ous vous proposons de revenir, aujourdâhui, sur la Cantate Carmina burana de Carl Orff, tirĂ©e du manuscrit ancien Codex Buranus 179, connu aussi sous le nom de Chants de Benediktbeuern. Nous en avons dĂ©jĂ parlĂ©, ici, Ă plusieurs reprises, ce manuscrit ancien du moyen-Ăąge central est devenu cĂ©lĂšbre, largement grĂące au compositeur allemand qui, au passage, a contribuĂ© Ă populariser » Ă©galement ainsi la poĂ©sie des Goliards, ces jeunes Ă©tudiants ou clercs quelque peu dĂ©voyĂ©s qui, au XIIe siĂšcle sillonnait la France pour chanter en latin leurs amours, leurs joies et aussi leur moment de fĂȘtes et de perdition. Enluminure tirĂ©e du Codex Buranus 179 Carmina Burana La formation Oni Wytars en collaboration avec lâensemble Unicorn ette fois-ci, la piĂšce que nous partageons est la chanson Tempus Est iocundum », interprĂ©tĂ©e conjointement et de maniĂšre trĂšs Ă©nergique par lâexcellent ensemble Unicorn, originaire dâAutriche et les membres de la formation Oni Wytars. FormĂ© en 1983 en Allemagne, par le compositeur, musicien et vielliste Marco Ambrosini, lâensemble Oni Wytars se dĂ©die Ă un rĂ©pertoire qui va du monde mĂ©diĂ©val Ă celui de la renaissance, en Ă©largissant son champ dâinvestigation musical et instrumental au berceau mĂ©diterranĂ©en et Ă des piĂšces en provenance du monde byzantin ou de lâEst de lâEurope. La qualitĂ© des artistes qui le composent les ont amenĂ©s Ă participer Ă des concerts ou productions en collaboration avec dâautres formations, et ils font eux-mĂȘme appel, Ă lâoccasion, Ă dâautres musiciens ou formations comme ici dans cette interprĂ©tation de Carmina Burana avec lâensemble Unicorn. Pour faire partager sa passion, Oni Wytars organise encore des stages de formations Ă la musique ancienne. Les quelques 15 albums quâils ont produit Ă ce jour se trouvent Ă la vente sur leur site web hĂ©las pour le moment seulement disponible en allemand et japonais mais on en trouve Ă©galement quelques uns sur Amazon ou sur le site de la FNAC. Quand au fondateur du groupe, Marco Ambrosini portrait ci-contre sa renommĂ©e nâest plus Ă faire et il compte une participation sous formes diverses dans plus de 110 albums, autour des musiques anciennes, et ce au niveau international. Les paroles de Tempus est iocundum et leur traduction adaptation en français Tempus est iocundum, o virgines, modo congaudete vos iuvenes. Le temps est joyeux, O vierges, RĂ©jouissez-vous avec Vos jeunes hommes. Oh â oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo. Oh, oh, oh ! Je fleuris entiĂšrement ! De mon tout premier amour Je brĂ»le ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure. Mea me comfortat promissio, mea me deportat negatio. Je suis rĂ©confortĂ©e Par ma promesse, Je suis abattue par mon refus Oh â oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo. Oh, oh, oh ! Je fleuris entiĂšrement ! De mon tout premier amour Je brĂ»le ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure. Tempore brumali vir patiens, animo vernali lasciviens. Au solstice dâhiver Lâhomme patient, Par lâesprit printanier Devient folĂątre. Oh â oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo. Oh, oh, oh ! Je fleuris entiĂšrement ! De mon tout premier amour Je brĂ»le ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure. Mea mecum ludit virginitas, mea me detrudit simplicitas. Ma virginitĂ© Me rend folĂątre, Ma simplicitĂ© Me retient. Oh â oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo. Oh, oh, oh ! Je fleuris entiĂšrement ! De mon tout premier amour Je brĂ»le ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure. Veni, domicella, cum gaudio; veni, veni, pulchra, iam pereo. Viens, ma maĂźtresse, Avec joie, Viens, viens, ma toute belle, DĂ©jĂ je me meure ! Oh â oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo. Oh, oh, oh ! Je fleuris entiĂšrement ! De mon tout premier amour Je brĂ»le ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure. Oh, oh, oh, une belle journĂ©e Ă tous! Fred Pour A la dĂ©couverte du monde mĂ©diĂ©val sous toutes ses formes Sujet poĂ©sie et chanson mĂ©diĂ©vales, poĂ©sie morale, poĂ©sie goliardique, golliards, poĂ©sie latine, traduction français moderne. PĂ©riode XIIe, XIIIe siĂšcle, moyen-Ăąge central Titre O fortuna, Carmina Burana Manuscrit ancien chants de Benediktbeuern Compositeur Carl Orff Karl Chef dâOrchestre Orchestre Berlin Orchestra German Opera Bonjour Ă tous, ous revenons, aujourdâhui, vers une piĂšce dâanthologie de la musique classique moderne » composĂ©e dans les annĂ©es 35 par Carl Orff et basĂ©e sur le manuscrit ancien des chants de Benediktbeuern du nom du monastĂšre dans lequel on le trouva dans le courant du XIXe siĂšcle. VĂ©ritable anthologie de la poĂ©sie lyrique, profane et goliardique des XIIe, XIIIe siĂšcles, lâouvrage contient plus de trois cent chants aux thĂšmes aussi divers que le jeu, lâamour, lâalcool, des piĂšces satiriques et moralisantes mais aussi deux piĂšces de théùtre dâinspiration plus liturgique. La grande majoritĂ© des textes est en latin et quelques uns des textes sont en germain et en langue romane. Certains des chants sont annotĂ©s musicalement mais ce nâest pas le cas de tous. Le compositeur allemand Carl Orff 1895-1982 a grandement contribuĂ© Ă la popularisation dâune partie de ces poĂ©sies qui lui ont inspirĂ©es la cantate Carmina Burana . LâĆuvre a fait, depuis, le tour du monde, et son succĂšs ne se tarit toujours pas puisquâelle continue dâĂȘtre jouĂ©e jusquâĂ ce jour par de nombreux orchestres et dans de nombreux pays. Ici, câest la mythique introduction et fermeture de cette Ćuvre gigantesque que nous vous proposons et qui a pour titre o Fortuna ». Du point de vue du manuscrit, la piĂšce du jour se trouve sur le mĂȘme feuillet que celui de lâillustration de la roue de la Fortune voir reproduction ci-dessous. La symbologie en est claire, la roue tourne dans le sens des aiguilles dâune montre et conte lâimpermanence de la Fortune » pris au sens chance » succĂšs » destinĂ©eheureuse » sort » et pas nĂ©cessairement monĂ©taire comme on lâentend souvent au sens moderne du terme. Regno, regnavi, sum sine regno, regnabo, Je rĂšgne, jâai rĂ©gnĂ©, je ne rĂšgne plus, je rĂ©gnerai ». Le roi perd sa couronne, choit, nâest plus rien et puis, la regagne. Jouet de la fortune, lâhomme ne contrĂŽle pas sa destinĂ©e. Il ne peut que subir ce que le sort personnifiĂ© ici au centre de lâillustration, lui rĂ©serve. On trouve encore sĂ»rement derriĂšre cela, lâidĂ©e quâil faut se rĂ©soudre Ă nâavoir que peu de prise et de satisfaction en ce bas-monde. Dans le moyen-Ăąge chrĂ©tien et mĂȘme pour la pensĂ©e la plus profane de cette Ă©poque, le paradis reste Ă jamais un ailleurs que se situe toujours dans lâaprĂšs-vie. Le manuscrit des chants de Benediktbeuern ou Carmina Burana 1225-1250 O Fortuna » de Carmina Burana les paroles traduites en français actuel O fortuna Velut Luna statu variabilis, semper crescis aut decrescis; vita detestabilis nunc obdurat et tunc curat ludo mentis aciem, egestatem, potestatem, dissolvit ut glaciem. O Fortune Comme la lune A lâĂ©tat changeant Toujours tu croĂźs Ou tu dĂ©crois. La vie dĂ©testable Dâabord opprime Et puis apaise Par un jeu Ă lâesprit aiguisĂ©. La pauvretĂ© Le pouvoir Elle les fait fondre comme la glace. Sors immanis et inanis, rota tu volubilis, statu malus, vana salus, semper dissolubilis obumbrata et velata michi quoque niteris; nunc per ludum dorsum nudum fero tui sceleris. Sort monstrueux Et informe, Toi la roue changeante, Une mauvaise situation, Une prospĂ©ritĂ© illusoire, Fane toujours, DissimulĂ©e Et voilĂ©e Tu tâen prends aussi Ă moi Maintenant par jeu, Et jâoffre mon dos nu A tes intentions scĂ©lĂ©rates. Sors salutis et virtutuis michi nunc contraria est affectus et defectus semper in angaria Hac in hora sine mora corde pulsum tangite, quod per sortem stemit fortem, mecum omnes plangite! Sort qui apporte le salut Et le courage Tu mâes maintenant opposĂ© Affaibli Et Ă©puisĂ© Comme de la mauvaise herbe. A cette heure, Sans tarder CĆur de cordes vibrantes Puisque le sort Renverse mĂȘme le fort Venez tous pleurer avec moi ! En vous souhaitant une fort belle journĂ©e! Fred Pour Lâardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce quâelle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. Sujet folk nĂ©o-mĂ©diĂ©val, musique monde mĂ©diĂ©val, théùtre visuel Groupe Strella do Dia Ă©toile du jour RĂ©pertoire manuscrits, danses et chants historiques Origine Portugal CrĂ©ation du groupe 2000 Bonjour Ă tous, ous vous proposons, aujourdâhui, de la musique mĂ©diĂ©vale aux notes folk », en provenance du sud de lâEurope avec les troubadours de Strella do Dia, une bande dâartistes portugais qui sâattelle Ă faire revivre le moyen-Ăąge musicalement et visuellement. NĂ© dans les annĂ©es 2000, le groupe parcoure les festivals historiques et mĂ©diĂ©vaux dâici et dâailleurs pour faire partager leur passion de la musique et du monde mĂ©diĂ©val. Sâappuyant sur des sources historiques dâĂ©poque, on leur doit, Ă ce jour, trois albums dans lesquels ils reproduisent des titres inspirĂ©s de manuscrits aussi variĂ©s que les Cantigas de Santa Maria, les Carmina Burana, le Livre Vermeil de Montserrat, ou encore les Cantigas de Amigo; manuscrit composĂ© au XIIIe siĂšcle par Martin CĂłdax, les Cantigas de Amigo sont aussi un genre poĂ©tique galĂ©co-portugais dans le registre de lâamour courtois. Dans leur rĂ©pertoire et leur production, ce groupe de troubadours des temps modernes, fait aussi revivre des danses mĂ©diĂ©vales comme lâEstampie, la Saltarelle et la Ductia. Vous pourrez trouver plus dâinformations sur leurs productions ainsi que leur programme de festivals sur leur site web version française, ainsi que sur leur chaĂźne youtube. Ils semblent tout de mĂȘme se produire plus largement au Portugal et en Espagne, câest dire si dans ces pays lĂ Ă©galement, les festivals et autres festivitĂ©s autour de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale ne manquent pas. Les Cantigas de Amigo de Martin CĂłdax, Manuscrit de Vintel, XIIIe siĂšcle, omme toujours, quand le moyen-Ăąge sâinvite dans notre monde moderne, son hĂ©ritage historique et musical laisse place Ă la libre interprĂ©tation et câest plutĂŽt vers des notes folks et des rythmes enlevĂ©s que le groupe portugais nous entraĂźne. Il faut souligner, ici, les moyens sĂ©rieux investis dans la rĂ©alisation de la plupart de leurs vidĂ©os autant que la qualitĂ© dans la prise de son. Ce sont des choses qui ne sont, hĂ©las, pas toujours au rendez-vous pour valoriser Ă leur juste mesure les productions de ce type de troubadours et de groupe musical. En vous souhaitant une trĂšs belle journĂ©e. Fred Pour A la dĂ©couverte du moyen-Ăąge sous toutes ses formes Navigation des articles Explorer le Monde MĂ©diĂ©val sous toutes ses formes
Rendton Ăąme paisible, tranquille. Nuits et jours, il te parcourt, Un souffle, un geste, il accourt . Le vĂ©ritable amour . Gonfle ton cĆur de joie. Il est lĂ , il se voit, il pourvoit, Il sera toujours lĂ pour toi, Quâimporte le temps, les circonstances, ouvre les yeux de ton cĆur et voit. Partager cet article. Repost 0. Angie583-dans PoĂšme commenter cet article 27 novembre 2019 3
PoĂšmes choisis Desbordes-Valmore 1786-1859 Alphonse de Lamartine 1790-1869 Victor Hugo 1802-1885 George Sand 1804-1876 GĂ©rard de Nerval 1808-1855 Alfred de Musset 1810-1857 ThĂ©ophile Gautier 1811-1872 Charles Baudelaire 1821-1867 Ondine Valmore 1821-1853 ThĂ©odore de Banville 1823-1891 Sully Prudhomme 1839-1907 StĂ©phane MallarmĂ© 1842-1898 François CoppĂ©e 1842-1908 Charles Cros 1842-1888 JosĂ©-Maria de Heredia 1842-1905 Paul Verlaine 1844-1896 NĂ©rĂ©e Beauchemin 1850-1931 Arthur Rimbaud 1854-1891 Alphonse Allais 1854-1905 Jean MorĂ©as 1856-1910 Jules Laforgue 1860-1887 Max Elskamp 1862-1931 Rudyard Kipling 1865-1936 Francis Jammes 1868-1938 Droit d'utiliser Ă des fins non commerciales, de partager ou d'adapter l'Ćuvre. Pour cela, vous devez la crĂ©diter, intĂ©grer un lien vers cette page du site et indiquer si des modifications ont Ă©tĂ© effectuĂ©es. Les nouvelles Ćuvres créées Ă partir de celle-ci seront sous les mĂȘmes conditions. La couronne effeuillĂ©e Au jardin de mon pĂšre oĂč revit toute fleur ; J'y rĂ©pandrai longtemps mon Ăąme agenouillĂ©e Mon pĂšre a des secrets pour vaincre la douleur. J'irai, j'irai lui dire, au moins avec mes larmes Regardez, j'ai souffert ... » il me regardera, Et sous mes jours changĂ©s, sous mes pĂąleurs sans charmes, Parce qu'il est mon pĂšre il me reconnaĂźtra. Il dira C'est donc vous, chĂšre Ăąme dĂ©solĂ©e La terre manque-t-elle Ă vos pas Ă©garĂ©s ? ChĂšre Ăąme, je suis Dieu ne soyez plus troublĂ©e ; Voici votre maison, voici mon coeur, entrez ! » Ă clĂ©mence ! ĂŽ douceur ! ĂŽ saint refuge ! ĂŽ pĂšre ! Votre enfant qui pleurait vous l'avez entendu ! Je vous obtiens dĂ©jĂ puisque je vous espĂšre Et que vous possĂ©dez tout ce que j'ai perdu. Vous ne rejetez pas la fleur qui n'est plus belle ; Ce crime de la terre au ciel est pardonnĂ©. Vous ne maudirez pas votre enfant infidĂšle, Non d'avoir rien vendu, mais d'avoir tout donnĂ©. â Marceline Desbordes-Valmore 1786-1859 PoĂ©sies inĂ©dites Le Papillon NaĂźtre avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l'aile du zĂ©phyr nager dans un ciel pur, BalancĂ© sur le sein des fleurs Ă peine Ă©closes S'enivrer de parfums, de lumiĂšres et d'azur, Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S'envoler comme un souffle aux voĂ»tes Ă©ternelles VoilĂ du papillon le destin enchantĂ© ! Il ressemble au dĂ©sir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la voluptĂ© ! â Alphonse de Lamartine 1790-1869 Les roses Cent mille hommes Cent mille hommes, criblĂ©s d'obus et de mitraille, Cent mille hommes, couchĂ©s sur un champ de bataille, TombĂ©s pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe Ă Fleurus, comme on tombe Ă Lodi, Cent mille ardents soldats, hĂ©ros et non victimes, Morts dans un tourbillon d'Ă©vĂšnements sublimes, D'oĂč prend son vol la fiĂšre et blanche LibertĂ©, Sont un malheur moins grand pour la sociĂ©tĂ©, Sont pour l'humanitĂ©, qui sur le vrai se fonde, Une calamitĂ© moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortunĂ© Qu'un innocent, - un seul innocent condamnĂ©, - Dont le sang, ruisselant sous un infĂąme glaive, Fume entre les pavĂ©s de la place de GrĂšve, Qu'un juste assassinĂ© dans la forĂȘt des lois, Et dont l'Ăąme a le droit d'aller dire Ă Dieu Vois ! â Victor Hugo 1802-1885 Les quatre vents de l'esprit On vit, on parle ... On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une sĆur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort ... Puis, le vaste et profond silence de la mort ! â Victor Hugo 1802-1885 Les contemplations Vivants Oui. Je comprends qu'on aille aux fĂȘtes, Qu'on soit foule, qu'on brille aux yeux, Qu'on fasse, amis, ce que vous faites, Et qu'on trouve cela joyeux ; Mais vivre seul sous les Ă©toiles, Aller et venir sous les voiles Du dĂ©sert oĂč nous oublions, Respirer l'immense atmosphĂšre ; C'est Ăąpre et triste, et je prĂ©fĂšre Cette habitude des lions. â Victor Hugo 1802-1885 OcĂ©an vers Ă Aurore La nature est tout ce quâon voit, Tout ce quâon veut, tout ce quâon aime. Tout ce quâon sait, tout ce quâon croit, Tout ce que lâon sent en soi-mĂȘme. Elle est belle pour qui la voit, Elle est bonne Ă celui qui lâaime, Elle est juste quand on y croit Et quâon la respecte en soi-mĂȘme. Regarde le ciel, il te voit, Embrasse la terre, elle tâaime. La vĂ©ritĂ© câest ce quâon croit En la nature câest toi-mĂȘme. â George Sand 1804-1876 Contes dâune grandâmĂšre vol. 1 1873 Correspondance Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir ainsi vous dĂ©voiler, sans artifice, mon Ăąme toute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l'affection la plus profonde, comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure Ă©pouse dont vous puissiez rĂȘver. Puisque votre Ăąme est libre, pensez que l'abandon oĂč je vis est bien long, bien dur et souvent bien insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourez bien vite et venez me le faire oublier. Ă vous je veux me sou- mettre entiĂšrement. Votre poupĂ©e Correspondance de George Sand Ă Alfred de Musset. Conseil de lecture Lire une ligne sur deux * * * D'Alfred de Musset Ă George Sand. Quand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d'un coeur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. * * * De George Sand Ă Alfred de Musset. Cette insigne faveur que votre coeur rĂ©clame Nuit Ă ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă mon Ăąme. âGeorge Sand 1804-1876 Alfred de Musset 1810-1857 Correspondance Caligula - I er chant L'hiver s'enfuit ; le printemps embaumĂ© Revient suivi des Amours et de Flore ; Aime demain qui n'a jamais aimĂ©, Qui fut amant, demain le soit encore ! Hiver Ă©tait le seul maĂźtre des temps, Lorsque VĂ©nus sortit du sein de l'onde ; Son premier souffle enfanta le printemps, Et le printemps fit Ă©clore le monde. L'Ă©tĂ© brĂ»lant a ses grasses moissons, Le riche automne a ses treilles encloses, L'hiver frileux son manteau de glaçons, Mais le printemps a l'amour et les roses. L'hiver s'enfuit, le printemps embaumĂ© Revient suivi des Amours et de Flore ; Aime demain qui n'a jamais aimĂ©, Qui fut amant, demain le soit encore ! â GĂ©rard de Nerval 1808-1855 Odelettes Chanson gothique Belle Ă©pousĂ©e, J'aime tes pleurs ! C'est la rosĂ©e Qui sied aux fleurs. Les belles choses N'ont qu'un printemps, Semons de roses Les pas du Temps ! Soit brune ou blonde Faut-il choisir ? Le Dieu du monde, C'est le Plaisir. â GĂ©rard de Nerval 1808-1855 Odelettes Ă George Sand VI Porte ta vie ailleurs, ĂŽ toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trĂ©sor que j'avais pour tout bien. Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ĂŽ soleil, ĂŽ ma belle chĂ©rie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fanĂ©, Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'EspĂ©rance, Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donnĂ©. â Alfred de Musset 1810-1857 PoĂ©sies posthumes Tristesse J'ai perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaietĂ© ; J'ai perdu jusqu'Ă la fiertĂ© Qui faisait croire Ă mon gĂ©nie. Quand j'ai connu la vĂ©ritĂ©, J'ai cru que c'Ă©tait une amie ; Quand je l'ai comprise et sentie, J'en ai Ă©tĂ© dĂ©goĂ»tĂ©. Et pourtant elle est Ă©ternelle Et ceux qui se sont passĂ©s d'elle Ici bas ont tout ignorĂ©. Dieu parle, il faut qu'on lui rĂ©ponde. Le seul bien qui me reste au monde Est d'avoir quelques fois pleurĂ©. â Alfred de Musset 1810-1857 PoĂ©sies nouvelles Far niente Quand je n'ai rien Ă faire, et qu'Ă peine un nuage Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage, J'aime Ă m'Ă©couter vivre, et, libre de soucis, Loin des chemins poudreux, Ă demeurer assis Sur un moelleux tapis de fougĂšre et de mousse, Au bord des bois touffus oĂč la chaleur s'Ă©mousse. LĂ , pour tuer le temps, j'observe la fourmi Qui, pensant au retour de l'hiver ennemi, Pour son grenier dĂ©robe un grain d'orge Ă la gerbe, Le puceron qui grimpe et se pende au brin d'herbe, La chenille traĂźnant ses anneaux veloutĂ©s, La limace baveuse aux sillons argentĂ©s, Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole. Ensuite je regarde, amusement frivole, La lumiĂšre brisant dans chacun de mes cils, Palissade opposĂ©e Ă ses rayons subtils, Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte En l'air, comme sur l'onde un vaisseau sans pilote ; Et lorsque je suis las je me laisse endormir, Au murmure de l'eau qu'un caillou fait gĂ©mir, Ou j'Ă©coute chanter prĂšs de moi la fauvette, Et lĂ -haut dans l'azur gazouiller l'alouette. â ThĂ©ophile Gautier 1811-1872 PoĂ©sie 1830 LâAlbatros Souvent, pour sâamuser, les hommes dâĂ©quipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. Ă peine les ont-ils dĂ©posĂ©s sur les planches, Que ces rois de lâazur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traĂźner Ă cĂŽtĂ© dâeux. Ce voyageur ailĂ©, comme il est gauche et veule ! Lui, naguĂšre si beau, quâil est comique et laid ! Lâun agace son bec avec un brĂ»le-gueule, Lâautre mime, en boitant, lâinfirme qui volait ! Le PoĂ«te est semblable au prince des nuĂ©es Qui hante la tempĂȘte et se rit de lâarcher ; ExilĂ© sur le sol au milieu des huĂ©es, Ses ailes de gĂ©ant lâempĂȘchent de marcher. â Charles Baudelaire 1821-1867 Les Fleurs du Mal LâHomme et la Mer Homme libre, toujours tu chĂ©riras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton Ăąme Dans le dĂ©roulement infini de sa lame, Et ton esprit nâest pas un gouffre moins amer. Tu te plais Ă plonger au sein de ton image ; Tu lâembrasses des yeux et des bras, et ton cĆur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous ĂȘtes tous les deux tĂ©nĂ©breux et discrets Homme, nul nâa sondĂ© le fond de tes abĂźmes ; Ă mer, nul ne connaĂźt tes richesses intimes, Tant vous ĂȘtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilĂ des siĂšcles innombrables Que vous vous combattez sans pitiĂ© ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ă lutteurs Ă©ternels, ĂŽ frĂšres implacables ! â Charles Baudelaire 1821-1867 Les Fleurs du Mal LâInvitation au Voyage Mon enfant, ma sĆur, Songe Ă la douceur Dâaller lĂ -bas vivre ensemble ! Aimer Ă loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillĂ©s De ces ciels brouillĂ©s Pour mon esprit ont les charmes Si mystĂ©rieux De tes traĂźtres yeux, Brillant Ă travers leurs larmes. LĂ , tout nâest quâordre et beautĂ©, Luxe, calme et voluptĂ©. Des meubles luisants, Polis par les ans, DĂ©coreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs MĂȘlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de lâambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait Ă lâĂąme en secret Sa douce langue natale. LĂ , tout nâest quâordre et beautĂ©, Luxe, calme et voluptĂ©. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont lâhumeur est vagabonde ; Câest pour assouvir Ton moindre dĂ©sir Quâils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants RevĂȘtent les champs, Les canaux, la ville entiĂšre, Dâhyacinthe et dâor ; Le monde sâendort Dans une chaude lumiĂšre. LĂ , tout nâest quâordre et beautĂ©, Luxe, calme et voluptĂ©. â Charles Baudelaire 1821-1867 Les Fleurs du Mal La voix La neige au loin couvre la terre nue ; Les bois dĂ©serts Ă©tendent vers la nue Leurs grands rameaux qui, noirs et sĂ©parĂ©s, D'aucune feuille encor ne sont parĂ©s ; La sĂšve dort et le bourgeon sans force Est pour longtemps engourdi sous l'Ă©corce ; L'ouragan souffle en proclamant l'hiver Qui vient glacer l'horizon dĂ©couvert. Mais j'ai frĂ©mi sous d'invisibles flammes Voix du printemps qui remuez les Ăąmes, Quand tout est froid et mort autour de nous, Voix du printemps, ĂŽ voix, d'oĂč venez-vous ?... â Ondine Valmore 1821-1853 Non communiquĂ© La Lune Avec ses caprices, la Lune Est comme une frivole amante ; Elle sourit et se lamente, Et vous fuit et vous importune. La nuit, suivez-la sur la dune, Elle vous raille et vous tourmente ; Avec ses caprices, la Lune Est comme une frivole amante. Et souvent elle se met une NuĂ©e en maniĂšre de mante ; Elle est absurde, elle est charmante ; Il faut adorer sans rancune, Avec ses caprices, la Lune. â ThĂ©odore de Banville 1823-1891 Rondels Ce qui dure Le prĂ©sent se fait vide et triste, Ă mon amie, autour de nous ; Combien peu de passĂ© subsiste ! Et ceux qui restent changent tous. Nous ne voyons plus sans envie Les yeux de vingt ans resplendir, Et combien sont dĂ©jĂ sans vie Des yeux qui nous ont vus grandir ! Que de jeunesse emporte lâheure, Qui nâen rapporte jamais rien ! Pourtant quelque chose demeure Je tâaime avec mon coeur ancien, Mon vrai coeur, celui qui sâattache Et souffre depuis quâil est nĂ©, Mon coeur dâenfant, le coeur sans tache Que ma mĂšre mâavait donnĂ© ; Ce coeur oĂč plus rien ne pĂ©nĂštre, DâoĂč plus rien dĂ©sormais ne sort ; Je tâaime avec ce que mon ĂȘtre A de plus fort contre la mort ; Et, sâil peut braver la mort mĂȘme, Si le meilleur de lâhomme est tel Que rien nâen pĂ©risse, je tâaime Avec ce que jâai dâimmortel. â Sully Prudhomme 1839-1907 Les vaines tendresses LâHabitude Lâhabitude est une Ă©trangĂšre Qui supplante en nous la raison Câest une ancienne mĂ©nagĂšre Qui sâinstalle dans la maison. Elle est discrĂšte, humble, fidĂšle, FamiliĂšre avec tous les coins ; On ne s'occupe jamais dâelle, Car elle a dâinvisibles soins Elle conduit les pieds de lâhomme, Sait le chemin quâil eĂ»t choisi, ConnaĂźt son but sans quâil le nomme, Et lui dit tout bas Par ici. » Travaillant pour nous en silence, Dâun geste sĂ»r, toujours pareil, Elle a lâoeil de la vigilance, Les lĂšvres douces du sommeil. Mais imprudent qui sâabandonne Ă son joug une fois portĂ© ! Cette vieille au pas monotone Endort la jeune libertĂ© ; Et tous ceux que sa force obscure A gagnĂ©s insensiblement Sont des hommes par la figure, Des choses par le mouvement. â Sully Prudhomme 1839-1907 Stances Et PoĂšmes Brise marine La chair est triste, hĂ©las ! et j'ai lu tous les livres. Fuir ! lĂ -bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres D'ĂȘtre parmi l'Ă©cume inconnue et les cieux ! Rien, ni les vieux jardins reflĂ©tĂ©s par les yeux Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe Ă nuits ! ni la clartĂ© dĂ©serte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur dĂ©fend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai ! Steamer balançant ta mĂąture, LĂšve l'ancre pour une exotique nature ! Un Ennui, dĂ©solĂ© par les cruels espoirs, Croit encore Ă l'adieu suprĂȘme des mouchoirs ! Et, peut-ĂȘtre, les mĂąts, invitant les orages Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mĂąts, sans mĂąts, ni fertiles Ăźlots ... Mais, ĂŽ mon coeur, entends le chant des matelots ! â StĂ©phane MallarmĂ© 1842-1898 Oeuvres PoĂ©tiques I Ătoiles filantes Dans les nuits dâautomne, errant par la ville, Je regarde au ciel avec mon dĂ©sir, Car si, dans le temps quâune Ă©toile file, On forme un souhait, il doit sâaccomplir. Enfant, mes souhaits sont toujours les mĂȘmes Quand un astre tombe, alors, plein dâĂ©moi, Je fais de grands voeux afin que tu mâaimes Et quâen ton exil tu penses Ă moi. A cette chimĂšre, hĂ©las ! je veux croire, Nâayant que cela pour me consoler. Mais voici lâhiver, la nuit devient noire, Et je ne vois plus dâĂ©toiles filer. â François CoppĂ©e 1842-1908 LâĂxilĂ©e 1877 Ă la plus belle Nul ne l'a vue et, dans mon coeur, Je garde sa beautĂ© suprĂȘme ; ArriĂšre tout rire moqueur ! Et morte, je l'aime, je l'aime. J'ai consultĂ© tous les devins, Ils m'ont tous dit C'est la plus belle ! Et depuis j'ai bu tous les vins Contre la mĂ©moire rebelle. Oh ! ses cheveux livrĂ©s au vent ! Ses yeux, crĂ©puscule d'automne ! Sa parole qu'encor souvent J'entends dans la nuit monotone. C'Ă©tait la plus belle, Ă jamais, Parmi les filles de la terre... Et je l'aimais, oh ! je l'aimais Tant, que ma bouche doit se taire. J'ai honte de ce que je dis ; Car nul ne saura ni la femme, Ni l'amour, ni le paradis Que je garde au fond de mon Ăąme. Que ces mots restent enfouis, OubliĂ©s, l'oubliance est douce Comme un coffret plein de louis Au pied du mur couvert de mousse. â Charles Cros 1842-1888 Le collier de griffes L'Ă©tĂ© C'est l'Ă©tĂ©. Le soleil darde Ses rayons intarissables Sur l'Ă©tranger qui s'attarde Au milieu des vastes sables. Comme une liqueur subtile Baignant l'horizon sans borne, L'air qui du sol chaud distille Fait trembloter le roc morne. Le bois des arbres Ă©clate. Le tigre rayĂ©, l'hyĂšne, Tirant leur langue Ă©carlate, Cherchent de l'eau dans la plaine. Les Ă©lĂ©phants vont en troupe, Broyant sous leurs pieds les haies Et soulevant de leur croupe Les branchages des futaies. Il n'est pas de grotte creuse OĂč la chaleur ne pĂ©nĂštre. Aucune vallĂ©e ombreuse OĂč de l'herbe puisse naĂźtre. Au jardin, sous un toit lisse De bambou, SitĂą sommeille Une moue effleure et plisse Parfois sa lĂšvre vermeille. Sous la gaze, d'or rayĂ©e, OĂč son beau corps s'enveloppe, En s'Ă©tirant, l'ennuyĂ©e Ouvre ses yeux d'antilope. Mais elle attend, sous ce voile Qui trahit sa beautĂ© nue, Qu'au ciel la premiĂšre Ă©toile Annonce la nuit venue. DĂ©jĂ le soleil s'incline Et dans la mer murmurante Va, derriĂšre la colline, Mirer sa splendeur mourante. Et la nature brĂ»lĂ©e Respire enfin. La nuit brune RevĂȘt sa robe Ă©toilĂ©e, Et, calme, apparaĂźt la lune. â Charles Cros 1842-1888 Le coffret de santal Fuite de centaures Ils fuient, ivres de meurtre et de rĂ©bellion, Vers le mont escarpĂ© qui garde leur retraite ; La peur les prĂ©cipite, ils sentent la mort prĂȘte Et flairent dans la nuit une odeur de lion. Ils franchissent, foulant l'hydre et le stellion, Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrĂȘte ; Et dĂ©jĂ , sur le ciel, se dresse au loin la crĂȘte De l'Ossa, de l'Olympe ou du noir PĂ©lion. Parfois, l'un des fuyards de la farouche harde Se cabre brusquement, se retourne, regarde, Et rejoint d'un seul bond le fraternel bĂ©tail ; Car il a vu la lune Ă©blouissante et pleine Allonger derriĂšre eux, suprĂȘme Ă©pouvantail, La gigantesque horreur de l'ombre HerculĂ©enne. â JosĂ©-Maria de Heredia 1842-1905 Les TrophĂ©es Chanson dâautomne Les sanglots longs Des violons De lâautomne Blessent mon cĆur Dâune langueur Monotone. Tout suffocant Et blĂȘme, quand Sonne lâheure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ; Et je mâen vais Au vent mauvais Qui mâemporte Deçà , delĂ , Pareil Ă la Feuille morte. â Paul Verlaine 1844-1896 PoĂšmes saturniens Mon rĂȘve familier Je fais souvent ce rĂȘve Ă©trange et pĂ©nĂ©trant Dâune femme inconnue, et que jâaime, et qui mâaime, Et qui nâest, chaque fois, ni tout Ă fait la mĂȘme Ni tout Ă fait une autre, et mâaime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cĆur, transparent Pour elle seule, hĂ©las ! cesse dâĂȘtre un problĂšme Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blĂȘme, Elle seule les sait rafraĂźchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je lâignore. Son nom ? Je me souviens quâil est doux et sonore Comme ceux des aimĂ©s que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a Lâinflexion des voix chĂšres qui se sont tues. â Paul Verlaine 1844-1896 PoĂšmes saturniens Soleils couchants Une aube affaiblie Verse par les champs La mĂ©lancolie Des soleils couchants. La mĂ©lancolie Berce de doux chants Mon cĆur qui sâoublie Aux soleils couchants. Et dâĂ©tranges rĂȘves, Comme des soleils Couchants sur les grĂšves, FantĂŽmes vermeils, DĂ©filent sans trĂȘves, DĂ©filent, pareils Ă des grands soleils Couchants sur les grĂšves. â Paul Verlaine 1844-1896 PoĂšmes saturniens Ă celle que jâaime Dans ta mĂ©moire immortelle, Comme dans le reposoir D'une divine chapelle, Pour celui qui t'est fidĂšle, Garde l'amour et l'espoir. Garde l'amour qui m'enivre, L'amour qui nous fait rĂȘver ; Garde l'espoir qui fait vivre ; Garde la foi qui dĂ©livre, La foi qui doit nous sauver. L'espoir, c'est de la lumiĂšre, L'amour, c'est une liqueur, Et la foi, c'est la priĂšre. Mets ces trĂ©sors, ma trĂšs chĂšre, Au plus profond de ton coeur. â NĂ©rĂ©e Beauchemin 1850-1931 Les floraisons matutinales Chanson de la plus Haute Tour Oisive jeunesse Ă tout asservie, Par dĂ©licatesse Jâai perdu ma vie. Ah ! Que le temps vienne OĂč les coeurs sâĂ©prennent. Je me suis dit laisse, Et quâon ne te voie Et sans la promesse De plus hautes joies. Que rien ne tâarrĂȘte, Auguste retraite. Jâai tant fait patience Quâa jamais jâoublie ; Craintes et souffrances Aux cieux sont parties. Et la soif malsaine Obscurcit mes veines. Ainsi la Prairie Ă lâoubli livrĂ©e, Grandie, et fleurie Dâencens et dâivraies Au bourdon farouche De cent sales mouches. Ah ! Mille veuvages De la si pauvre Ăąme Qui n'a que l'image De la Notre-Dame ! Est-ce que l'on prie La Vierge Marie ? Oisive jeunesse Ă tout asservie, Par dĂ©licatesse Jâai perdu ma vie. Ah ! Que le temps vienne OĂč les coeurs sâĂ©prennent. â Arthur Rimbaud 1854-1891 Vers nouveaux LâĂternitĂ© Elle est retrouvĂ©e. Quoi ? - LâĂternitĂ©. Câest la mer allĂ©e Avec le soleil. Ame sentinelle, Murmurons lâaveu De la nuit si nulle Et du jour en feu. Des humains suffrages, Des communs Ă©lans LĂ tu te dĂ©gages Et voles selon. Puisque de vous seules, Braises de satin, Le Devoir sâexhale Sans quâon dise enfin. LĂ pas dâespĂ©rance, Nul orietur. Science avec patience, Le supplice est sĂ»r. Elle est retrouvĂ©e. Quoi ? - LâĂternitĂ©. Câest la mer allĂ©e Avec le soleil. â Arthur Rimbaud 1854-1891 Vers nouveaux Complainte amoureuse Oui dĂšs l'instant que je vous vis BeautĂ© fĂ©roce, vous me plĂ»tes De l'amour qu'en vos yeux je pris Sur-le-champ vous vous aperçûtes Ah ! Fallait-il que je vous visse Fallait-il que vous me plussiez Qu'ingĂ©nument je vous le disse Qu'avec orgueil vous vous tussiez Fallait-il que je vous aimasse Que vous me dĂ©sespĂ©rassiez Et qu'enfin je m'opiniĂątrasse Et que je vous idolĂątrasse Pour que vous m'assassinassiez. â Alphonse Allais 1854-1905 Non communiquĂ© Quand reviendra lâautomne Quand reviendra lâautomne avec les feuilles mortes Qui couvriront lâĂ©tang du moulin ruinĂ©, Quand le vent remplira le trou bĂ©ant des portes Et lâinutile espace oĂč la meule a tournĂ©, Je veux aller encor mâasseoir sur cette borne, Contre le mur tissĂ© dâun vieux lierre vermeil, Et regarder longtemps dans lâeau glacĂ©e et morne SâĂ©teindre mon image et le pĂąle soleil. â Jean MorĂ©as 1856-1910 Les Stances Arabesque de malheur Nous nous aimions comme deux fous ; On s'est quittĂ©s sans en parler. Un spleen me tenait exilĂ© Et ce spleen me venait de tout. Que ferons-nous, moi, de mon Ăąme, Elle de sa tendre jeunesse ! Ă vieillissante pĂ©cheresse, Oh ! que tu vas me rendre infĂąme ! Des ans vont passer lĂ -dessus ; On durcira chacun pour soi ; Et plus d'une fois, je m'y vois, On ragera Si j'avais su ! ... Oh ! comme on fait claquer les portes, Dans ce Grand HĂŽtel d'anonymes ! Touristes, couples lĂ©gitimes, Ma DestinĂ©e est demi-morte !.... - Ses yeux disaient Comprenez-vous ! Comment ne comprenez-vous pas ! Et nul n'a pu le premier pas ; On s'est sĂ©parĂ©s d'un air fou. Si on ne tombe pas d'un mĂȘme Ensemble Ă genoux, c'est factice, C'est du toc. VoilĂ la justice Selon moi, voilĂ comment j'aime. â Jules Laforgue 1860-1887 Des Fleurs de bonne volontĂ© Ătoile de la mer Et de vaisseaux, et de vaisseaux, Et de voiles, et tant de voiles, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus qu'il n'est d'Ă©toiles ; Et cependant je sais, j'en sais Tant d'Ă©toiles et que j'ai vues Au-dessus des toits de mes rues, Et que j'ai sues et que je sais ; Mais des vaisseaux il en est plus, - Et j'en sais tant qui sont partis - Mais c'est mon testament ici, Que de vaisseaux il en est plus ; Et des vaisseaux voici les beaux Sur la mer, en robes de femmes, AllĂ©s suivant les oriflammes Au bout du ciel sombrĂ© dans l'eau, Et de vaisseaux tant sur les eaux La mer semble un pays en toile, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus qu'il n'est d'Ă©toiles. â Max Elskamp 1862-1931 Salutations Si Si tu peux voir dĂ©truit l'ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te remettre Ă rebĂątir, Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ; Si tu peux ĂȘtre amant sans ĂȘtre fou d'amour, Si tu peux ĂȘtre fort sans cesser d'ĂȘtre tendre Et, te sentant haĂŻ, sans haĂŻr Ă ton tour, Pourtant lutter et te dĂ©fendre ; Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-mĂȘme d'un seul mot ; Si tu peux rester digne en Ă©tant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frĂšre sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ; Si tu sais mĂ©diter, observer et connaĂźtre Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ; RĂȘver, mais sans laisser ton rĂȘve ĂȘtre ton maĂźtre, Penser sans n'ĂȘtre qu'un penseur; Si tu peux ĂȘtre dur sans jamais ĂȘtre en rage, Si tu peux ĂȘtre brave et jamais imprudent, Si tu sais ĂȘtre bon, si tu sais ĂȘtre sage Sans ĂȘtre moral ni pĂ©dant ; Si tu peux rencontrer Triomphe aprĂšs DĂ©faite Et recevoir ces deux menteurs d'un mĂȘme front, Si tu peux conserver ton courage et ta tĂȘte Quand tous les autres les perdront, Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront Ă tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire, Tu seras un homme, mon fils. â Rudyard Kipling 1865-1936 Ecrit en 1895, et publiĂ© en 1910 L'enfant lit l'almanach L'enfant lit l'almanach prĂšs de son panier d'oeufs. Et, en dehors des Saints et du temps qu'il fera, elle peut contempler les beaux signes des cieux ChĂšvre, Taureau, BĂ©lier, Poissons, et caetera. Ainsi peut-elle croire, petite paysanne, qu'au-dessus d'elle, dans les constellations, il y a des marchĂ©s pareils avec des Ăąnes, des taureaux, des bĂ©liers, des chĂšvres, des poissons. C'est le marchĂ© du ciel sans doute qu'elle lit. Et, quand la page tourne au signe des Balances, elle se dit qu'au ciel comme Ă l'Ă©picerie on pĂšse le cafĂ©, le sel et les consciences. â Francis Jammes 1868-1938 ClairiĂšres dans le Ciel
Unlivre trÚs émouvant et enrichissant que toute chacune doit lire avec attention, à lire avec son ùme, à coeur ouvert. Ce livre est remplis d'espoirs, de bienveillance et de douceur, il nous apporte un réel soutiens psychologique, on se sent moins seul et désormais compris. Je le recommanderai autour de moi bien évidement
Nous embarquons. Je me retrouve assise Ă cĂŽtĂ© dâune passagĂšre dont on dirait quâelle agonise. ProfondĂ©ment endormie, elle a le teint dâun spectre, que la lumiĂšre crue dĂ©range. Face au stewart, loin du hublot, nous dĂ©collons mer de nuages, bleu dĂ©sertique le paradis est assez inquiĂ©tant. 9h00 heure locale. PremiĂšres pertes de soi. Je me rĂ©veille, enfin, dans une autre contrĂ©e. Jâouvre pour la premiĂšre fois les guides et cartes qui jalonneront mon sĂ©jour, car il faut dĂ©cider dâun quartier oĂč rĂ©sider. Je prends le temps, accapare un espace aux abords de lâaĂ©roport, trĂšs calme, mais mes papiers sâenvolent. Je ne sais comment rejoindre la ville ; mon guide nâest pas trĂšs clair, et au fond il ne sert a rien. Renseignements pris, je finis par attendre un bus. Il fait beau. Ne restent plus du temps dâavant que quelques vagues souvenirs, car dĂ©jĂ je plonge dans ce bain de soleil Ă©rotique qui embrase les alentours. Lisbonne sensuelle, je tâai enfin trouvĂ©e ! Premiers mots incompris, premiĂšres phrases indĂ©cises, en portugais. Mais jâapprends que ce peuple est rĂ©putĂ© pour sa gentillesse ; ils me pardonneront. Des Anglais, des Allemands personne encore nâa perdu sa nationalitĂ©, mais dĂ©jĂ je ne parle plus français, tachant de me fondre parmi la petite foule. Le bus, enfin, nous emmĂšne en plein cĆur, Ă travers une banlieue exotique, plantĂ©e de palmiers. Je ne sais oĂč descendre, car jâai finalement dĂ©cidĂ© dâaller au hasard. Alors je glisse de maisons en maisons, de places en avenues larges et feuillues, jusquâĂ ce que quelque chose mâarrĂȘte. AbsorbĂ©e par ce que je vois, je mâaperçois tout Ă coup que jâai Ă©tĂ© jusquâau terminus, le Cais do SodrĂ©, câest-Ă -dire la gare ferroviaire jâai traversĂ© la ville, assez voyagĂ©, je peux dĂšs Ă prĂ©sent repartir ! Une jeune femme, me voyant paniquĂ©e, mâoffre un plan. Tout nâest pas perdu. FlanquĂ©e de mes bagages, au bord du Tejo, la Mer de Paille, comme on lâappelle ici, le fleuve nourricier qui jadis inspirait tant les poĂštes, et forme comme une mer intĂ©rieure aux reflets verts et jaunes, jâapprĂ©hende la gare dĂ©corĂ©e dâazulejos ces carreaux de faĂŻence colorĂ©s qui dessinent, souvent en bleu, des trompe-lâĆil et des motifs gĂ©omĂ©triques, qui vous emporte vers lâocĂ©an, Ă qui Lisbonne tourne presque le dos. Je commence Ă errer, le long des quais en travaux, au hasard sinon vers lâouest. DĂ©jĂ Lisbonne mâa engloutie. Couleur de sable, couleur de sang, jamais les murs ne sont criards. Lisbonne, surnommĂ©e la ville blanche et pourtant sa pierre est plutĂŽt ocre, terreuse, ses nuances infinies, un peu sales, mĂȘme. Rien nâest tranchĂ©, mais toujours en suspens, et se dĂ©place en dâinfinies nuances que lâon ne peut dĂ©crire, sous un soleil dorĂ© qui rehausse les contrastes. Je pressens quelque chose comme un recommencement qui ne serait pas dĂ©finitif, une nouvelle vie sans absolu, sans illusion, mais la belle illusion de la vie, offerte lĂ , devant moi, qui sâĂ©chappe des sensations, indĂ©pendante et magnifique comme une lune quâon ne saurait attraper. Jâatteins ma premiĂšre destination, la Praça do ComĂ©rcio, vide et trop spacieuse, mais pas de taille inhumaine. Elle accueille la lumiĂšre et les voyageurs dans un vrai jaune terrien ; une statue en son centre lâhabille, seule. Un marchand de glace improbable - il nây a personne en ce lieu touristique sans ombre, sous la canicule - attend. Pour ma part je prĂ©fĂšre suivre les voies des trolleys, sĂ»re quâalors elles me mĂšneront quelque part, lĂ ou je sais quâil y a des pensĂŁos, dans le quartier Alfama, quand soudain, rua Bacalhoeiros, un homme me hĂšle et, sans que je lui ai rien demandĂ©, me dit quâil y en a une lĂ , tout prĂšs ; n° 8 - 1er Ă©tage de la Casa dos Bicos, curieuse bĂątisse dont la façade est couverte de pointes en pierre. Je prĂ©fĂšre, assez fiĂšre, monter au second, oĂč je sais que sâen trouve une autre. Mais la sonnerie est si discrĂšte que je me demande si câest bien la bonne porte. La logeuse, petite dame Ă lunettes, a lâallure internationale dâune concierge, et ne parle pas un mot dâanglais, ni de français, ni dâespagnol ; le contact est pourtant passĂ©. Elle insiste pour me demander si je suis seule - jâinsiste aussi. Pour moi ce sera la chambre n° 9, une chambre pour deux qui reviendrait moins cher. Quatre nuits prĂ©vues. Je mâinstalle, me dĂ©fait de la France. Il est temps de me reposer. 15h00. Ai-je dit que la chambre nâavait pas de fenĂȘtres ? Une penderie, dont le miroir est dĂ©formant, un lavabo surplombĂ© par un miroir penchĂ©, une coiffeuse et sa psychĂ© trouble, deux tables de nuit, deux chaises, constitueront tout mon mobilier - plus une tĂ©lĂ©vision, accrochĂ©e au-dessus de la penderie, que je nâavais pas vue de prime abord. Le plafond est dâune hauteur Ă©trange ni assez haut pour y loger une mezzanine, ni assez bas pour satisfaire aux normes. Impossible de se retrouver dans aucun des miroirs ; on ne peut sây voir en vĂ©ritĂ©. Cela vaut mieux probablement⊠AprĂšs une sieste, une douche, jâausculte les plans. Je suis la voie que je mâĂ©tais tracĂ©e. Pour oĂč dĂ©jĂ ? Je sors. Quartier Baixa. Jâopte pour la droite ; tout est fonction de la lumiĂšre, de la rĂ©sistance du sol sous mes pas, des murs recouverts dâazulejos. De larges rues rectilignes dessinent des perspectives inattendues, et recueillent sur le sol pavĂ© lâombre des immeubles aux balcons forgĂ©s. Jâaperçois la silhouette de Bernardo Soares, et celles de toutes les petites gens laborieuses, enfants de lâombre et de lâennui au dos courbe, qui glissent sur le sol lisse et tendre de ce quartier calme et bourgeois, et commercent. Je nâai pas encore mangĂ©, aussi je mâarrĂȘte au restaurant rapide O Brasileira, populaire et vĂ©tuste une touche dâexotisme dans lâexotisme. JâachĂšte un appareil photo jetable, et dĂ©jĂ jâatteins la Praça Pedro IV, qui me semblait pourtant beaucoup plus lointaine, sur mon plan, lorsque je rĂ©alise que câest le jour anniversaire de la RĂ©volution des Ćillets. Comment cela a-t-il pu mâĂ©chapper ? Nouvel arrĂȘt. Manifestement tout est allĂ© trop vite ; je suis passĂ©e sans rien voir. Les manifestants ont une joyeuse indiffĂ©rence ; ils sont peu nombreux en fait. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ©jĂ fini, et la foule se disperse. Maintenant je remarque les fleurs rouges Ă la boutonniĂšre, les habits du dimanche que portent les petites filles. Sur la place, un vieux char bariolĂ© Ă la peinture en bombe, une profusion de fleurs et de slogans pacifiques. Je ne peux mâempĂȘcher de penser Ă la RĂ©volution Française, qui jamais nâautoriserait ces tags sur un appareil militaire. Mais ici tout est limpide, et il suffit de sây plonger, sans avoir peur de se noyer au pire, quelque accident de surface accroche nos sensations, et ce sont autant de coquillages pour la pensĂ©e. Je ne sais trop quelle direction prendre, maintenant, sauf celle de revenir en arriĂšre. Allons Ă lâouest quartier Socorro, en hauteur. Mais pour sortir du terre-plein il faut aller Ă lâest - je renonce pour un temps Ă mes rĂ©flexes parisiens de traverser nâimporte ou nâimporte quand -. Du coup un bĂątiment Ă gauche mâintrigue et mâattire, tout en arabesques. Adieu Socorro, jây entre comme je vois que personne ne surveille, monte les escaliers, sans toujours savoir oĂč je suis, et finis par rejoindre la lumiĂšre - la sortie, de ce qui nâĂ©tait en fait quâune gare - autre ville, autre ambiance, qui ressemble un peu aux escaliers de Montmartre, mĂȘme sâils ne sont pas si raides. Je monte, longeant les librairies dâoccasion et les petits hĂŽtels, sur les pavĂ©s envahis de mousse et de petites plantes - avec lâintention dâarriver au point le plus haut - peine perdue. Je mâarrĂȘte Ă un croisement pour savoir enfin oĂč je suis ; du coup je pars Ă gauche. Petites ruelles merveilleuses et sordides, le linge pantelant ; les balcons des maisons Ă deux Ă©tages sont fleuris. Je voudrais prendre des clichĂ©s de ce quartier populaire, mais il faudrait tout photographier, alors je renonce mon souvenir en sera dâautant plus vivant. Je redescends, remonte, me perds dans ce dĂ©dale de rues, jusquâĂ dĂ©boucher sur la Praça CamĂ”es, qui me déçoit. Jâaurais aimĂ© quelque chose de plus grand, de plus Ă©pique, Ă la hauteur de cet Ă©crivain national, et je nây vois quâun chien, dans lâaxe de la statue, qui fixe le sol, tandis quâun touriste se protĂ©geant les yeux regarde la statue qui elle est tournĂ©e vers le ciel. Le ciel est encadrĂ© de fils. Nouvel arrĂȘt. Jâai dĂ» encore une fois ne rien voir. Je prends une photo ; peut-ĂȘtre sa lumiĂšre mâapparaĂźtra plus tard, et câest un lieu balise dont on peut sans scrupules capter lâĂąme. Une place en contrebas, aprĂšs les deux Ă©glises qui se regardent en face, semble animĂ©e. Je lâignore, car tout ce temps une musique accompagnĂ©e de voix, crachotĂ©e dâun haut-parleur, mâintrigue. DâoĂč vient-elle ? Je dĂ©cide de ne pas aller voir directement, mais contourne. Du coup je passe devant le Teatro da Trindade - dans son sobre habit pourpre ; je regrette de ne pas avoir de camĂ©ra, Ă tout le moins dâappareil photo panoramique, quand sur une façade dâun autre théùtre, celui-lĂ jaune et richement dĂ©corĂ© en trompe-lâĆil, je remarque que les symboles de lâair et de la terre ne sont pas accompagnĂ©s du feu⊠Je termine de contourner le quartier, atteint la source du vacarme Ă©trange câest le char de la Praça Pedro IV, seul, immobile, qui proclame des airs et des mots pour moi incomprĂ©hensibles. La musique sâarrĂȘte alors quâun couple passe Ă cĂŽtĂ©, qui rend la scĂšne plus irrĂ©elle encore, sâil Ă©tait besoin. InterloquĂ©s, ils poursuivent cependant, comme moi, qui rejoint - comment ? - la place animĂ©e. Je passe entre les tables des cafĂ©s, sans apercevoir la statue assise de Pessoa, car quelque chose me pousse Ă aller vers la gauche, tout de suite aprĂšs la librairie ce sont des dĂ©bris dâazulejos, des papiers dĂ©chirĂ©s et ternis, rongĂ©s par endroit, dâun livre - Uma princesa -, et des reliques de jouets, petites figurines de soldats Ă lâĂ©pĂ©e levĂ©e, prĂȘts au combat. Il semble que personne nâait rien vu. Heureuse de mes trouvailles, que je regarde comme des reliques, je repars en descendant, retrouve hĂ©las la France au travers dâune librairie Fnac, entre pour voir la diffĂ©rence aucune, sinon que les titres sont en portugais. Y est projetĂ© un film, que je reconnais vite pour ĂȘtre " CapitĂŁes de Abril ", de Maria de Meideros. 18h30. Je ne comprends pas grand-chose, mais reste fascinĂ©e. Câest un film dâapparence romantique sur la RĂ©volution des Oeillets - je pense Ă ce que dit Godard des films de guerre - je pense que je ne mâen souviens plus trĂšs bien - seulement que la critique française fĂ»t mauvaise. Je pense que sur le seul mot de RĂ©volution, on ne se comprend dĂ©jĂ plus ; il nây eut pas des morts par dizaines, ni de blessĂ©s. CâĂ©tait une rĂ©volution en douceur. Je pense au pouvoir des images, que lâon comprend sans avoir le sous-titrage⊠Le film terminĂ©, jâaimerais avoir lâavis dâun Portugais. Un jeune homme sâapproche, je lâaccoste. Ce sera Ze, qui tout de suite me prĂ©sentera Ă Emir, Ăąge dâune soixantaine dâannĂ©es et sociologue, Debora, jeune mĂ©decin lĂ©giste fan de Death Metal, et Miguel, Ă©tudiant, plus timide. Ze est Ă©tudiant en philosophie. Ze ne sait pas regarder sans toucher - lobe de lâoreille, tempes, nuque, mains -. Ses yeux clignent rapidement, il a plein de tics de visage assez curieux, et il mâagace, tandis quâEmir mâintrigue, avec une plaquette Ă©crite en lettres grecques sous le bras " LâĂ©loignement du monde ". DĂ©jĂ je fais partie dâune bande trĂšs accueillante. La discussion sâengage, on en dĂ©place lĂ©gĂšrement lâaccent - elle portera dâailleurs sur les accents brĂ©silien et portugais. Les heures passent ; la langueur portugaise me gagne. Nous parlons aussi de lâĂąme aprĂšs la mort, si elle existe, et se survit. Debora " Il nây a pas dâĂąme ; quand nous mourons, tout de nous disparaĂźt " ; Emir " Je vis comme en un rĂȘve ; je nâexiste pas vraiment, je ne suis rien, je suis une ombre, mais jâai une Ăąme qui embrasse le monde, ou plutĂŽt, le monde, câest moi, et quand je mourrai le monde, mon Ăąme, me survivra ". Ze et Miguel restent au bord de la discussion, envahis par la nuit. Malheureusement, ils ne connaissent pas JoĂŁo CĂ©sar Monteiro, et le cafĂ© Snob ne leur dit rien, mais personne ne renonce Ă les trouver. Ăparpillement de mots français, anglais, italiens, espagnols. Lisbonne, ou Olisipo, ainsi nommĂ©e par les Romains en hommage Ă Ulysse, qui y aurait sĂ©journĂ©, sâaccorde parfaitement avec la diversitĂ© des langues et des cultures, les accueillant toutes sans sourciller, au risque de ne mĂȘme pas connaĂźtre un cinĂ©aste national⊠23h30. Nous nous quittons, aprĂšs Ă©change dâadresses et rendez-vous pris pour les jours Ă venir, mais je nâai pas envie de rentrer tout de suite. Jâaimerais Ă©couter du fado, boire du Porto. Je tourne un peu dans le Baixa ; Ă©glise de SĂ© dans lâAlfama, Ă cĂŽtĂ© de la pensĂŁo. En dĂ©sespoir de cause je rentre⊠et mâĂ©puise Ă jeter ces premiĂšres notes dont je sais dâavance que malgrĂ© leur prĂ©cision, elles restent lacunaires. Jâaurais attendu demain cela aurait Ă©tĂ© pire. Je me sens bien, ici. Câest une solitude toute tournĂ©e vers les autres, vers un dialogue naissant et trĂšs ouvert. Peut-ĂȘtre parce que Lisbonne mâĂ©chappe, ne se laisse pas cerner, ni figer en mots. Vendredi 26 avril 12h00. Je me suis rĂ©veillĂ©e au son des sirĂšnes de police, fatiguĂ©e de ma longue journĂ©e de la veille, et me prĂ©pare rapidement. Aujourdâhui jâai dĂ©cide dâaller Ă proximitĂ© de la pensĂŁo, au Castelo de SĂŁo Jorge, dont on peut apercevoir de loin les crĂ©neaux moyenĂągeux. Lâascension nâest pas trop difficile, et je suis accompagnĂ©e par le chant des oiseaux. Parfois aussi le vent marin siffle dans mes oreilles. Serait-ce une journĂ©e sous le signe de la musique ? Mes pas sont amortis par le sable et les dalles de pierre inĂ©gales qui jalonnent mon chemin. Ici pas de chaussures Ă talons, ce serait trop dangereux, et pour tout dire trop bruyant. Les terrasses dominent discrĂštement la ville, certaines en pierre blanche, avec ce charme des sites anciens dĂ©nudĂ©s, dâautres couvertes de tomettes rouges, renvoyant durement le soleil Ă sa place de midi. On y bavarde Ă lâombre dâoliviers, de chĂȘnes centenaires, de canons inutilisĂ©s, qui rouillent tranquillement. Le sol inĂ©gal, creuse, accidente, crisse sous les pas de lâagent Peirera, assez bonhomme, qui surveille et guide tous les badauds qui comme moi errent parmi les traces dâun passĂ© glorieux, pour qui on fait encore des fouilles. Curieusement une carcasse de bateau en bois a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e dans une des ailes extĂ©rieures. Vaisseau de parade, naviguant sur les pierres ancestrales, il me mĂšne plus sĂ»rement encore vers des rĂȘveries inĂ©dites, sans quâaucun pirate ne vienne me dĂ©ranger. Tout Ă lâheure lâappareil photo sâest coincĂ©. La pensĂ©e quâaucune photo nâen sortirait mâa remplie dâune certaine tristesse, mais au fond cela nâa pas dâimportance, et mĂȘme je prĂ©fĂ©rerais quâelles soient toutes ratĂ©es⊠Je cherche la rature parfaite, le trait saillant qui fasse vivre lâimage, au lieu de sâajouter indiffĂ©remment aux cartes postales lisses et sans saveurs qui abreuvent le marchĂ©. Une image qui ne soit pas simplement possible, mais nĂ©cessaire, de celles que lâon regarde, au lieu de simplement les voir. Je vais pour partir, mais lâagent Pereira me guide vers une curiositĂ© de la tourelle Ulysse la camera obscura, selon un principe de LĂ©onard de Vinci. On se presse autour de ce qui pourrait ĂȘtre une vaste vasque de pierre claire, comme Ă une rĂ©union de sorciĂšres, qui officieraient tout en surveillant la ville, car lâimage Ă 360 degrĂ©s de Lisbonne sây projette, grĂące Ă un miroir placĂ© au sommet de la tourelle. Lâimage est floue, fuyante, emportĂ©e par le vent qui dĂ©rĂšgle son mĂ©canisme. Miroir une fois de plus lĂ©gĂšrement dĂ©formant. Je mâen vais, repue dâeffluves touristiques. Je prends les minuscules ruelles blanches qui partent du chĂąteau, certaine que personne nâosera entrer dans ce labyrinthe de petites maisons, pour suivre mon ombre Ă la trace, et Ă©couter secrĂštement les conversations des oiseaux, mĂȘlĂ©es de sons tĂ©lĂ©visĂ©s. Je remarque, Largo do contador, ce tag Without truth you are the looser. Au Miradouro de Santa Luzia, petit jardin mauresque offrant un superbe point de vue, et qui nâa pas pu mâĂ©chapper, jâĂ©vite soigneusement une famille française. Mais Ă force dâĂ©viter et de contourner, dâaller lĂ oĂč mes pas me mĂšnent, je me suis perdue dans lâAlfama, et passe sans mâen rendre compte dans le Mouraria. Je ne suis pas la bienvenue, ici, dans ce quartier pauvre et mĂ©tisse ; alors je tĂąche de me confondre avec les ombres, je tĂąche de faire comme si dâores et dĂ©jĂ jâĂ©tais dâici, de ces ruelles inquiĂ©tantes oĂč chaque pas de porte est habitĂ© de faire comme si je connaissais parfaitement mon chemin, au lieu de sauter de pavĂ© en pavĂ©. Je rentre, dĂ©pitĂ©e. 20h00. Suivant les recommandations du guide, je me dirige vers le restaurant O Pereira, qui propose des concerts de fado. Jâai peine Ă le trouver dans un dĂ©dale de ruelles sombres, demande mon chemin ; jây suis. Mais je suis seule. Jâattends, comme les restaurateurs, que quelquâun dâautre vienne. Une grand-mĂšre en robe verte pailletĂ©e et chĂąle noir classique, Ă la mode dâAmalia Rodrigues, un serre-tĂȘte en faux diamants dans ses cheveux blancs, va enfin pour chanter, mais tousse fortement. Sans doute trop de cigarettes. Suave. Toujours seule. Je prends des photos de ce lieu drĂŽlement dĂ©corĂ© pour passer le temps, et me sortir de ma torpeur angoissĂ©e, mais jâai la dĂ©sagrĂ©able impression depuis ma dĂ©convenue de tout Ă lâheure, dâun franc retour Ă ma condition de touriste, voire mĂȘme de touriste arnaquĂ©e. MalgrĂ© tout chacun joue la comĂ©die, donne le change. Câest un jeu de faux-semblants absurde, ou abstrait. Jâaccepte, Ă vrai dire contrainte et forcĂ©e, dâĂȘtre prise en photo avec une guitarra dans les bras par un des musiciens, qui estime que certainement cela me fera plaisir de revenir avec ce souvenir du coup la scĂšne en devient ridicule. Je me perds en rires gĂȘnĂ©s ; il ne sait comment faire pour dissiper mon ennui. Un peu plus tard il viendra Ă ma table discuter en français, car il est passĂ© par la Belgique, puis le second musicien, Manoel, sâapprochera. Ils chanteront uniquement pour moi une chanson dâEdith Piaf dans le style du fado. Et mâavoueront que ce quâils jouent habituellement est du fado pour touristes. Un voisin arrive, vieil homme au visage burinĂ©, sec comme du bois dâolivier. Il chantera un fado convulsif, Ă©nergique, en grimaçant, tirant la langue, survoltĂ© mais contrĂŽlĂ©. Ses gestes sont violents, agressifs. Je nâarrive pas Ă discerner lâamour quâil est censĂ© chanter dans ses gestes, ne sais jamais sâil mâinsulte, ou vibre dâĂ©motion, de sorte quâil me donne envie de fuir ce lieu oĂč je suis dĂ©cidĂ©ment dĂ©calĂ©e. Lâaddition, poivrĂ©e, mâoblige Ă sortir avec Manoel chercher une banque, lorsque jâaperçois la Casa do Fado, lieu officiel du genre, un peu froid peut-ĂȘtre, mais oĂč lâon peut certainement en apprĂ©cier toutes les saveurs. Quelle ironie ! Si dâun cĂŽtĂ© jâai le goĂ»t authentique dâune adresse de quartier, de lâautre me manque la qualitĂ© de la musique. Manoel me raccompagne. Sa voix de jeune homme dans un corps dĂ©jĂ vieux mâintrigue. Rendez-vous demain, au Miradouro de Santa Luzia que tout Ă lâheure jâai vu en plein soleil, pour aller Ă la Feria de Ladre, et BelĂ©m. Puis je file, car le quartier, semble-t-il, nâest pas toujours bien frĂ©quentĂ©. Je file mais je ne rentre pas. AttirĂ©e par des sons de concert, jâentre dans un cafĂ© afro. Tout de suite Nela, habituĂ©e du lieu, mâaborde, avec sa voix rocailleuse, et mâadopte. Elle est mĂ©tissĂ©e anglo-brĂ©silien-africain. Elle a 40 ans environ, une fille en Angleterre, et se saoule sur un air dâafrican saudade, pour Ă©chapper Ă je ne sais quel Ă©chec. Nous convenons de nous revoir demain soir. De Manoel ou de Nela , jâai les numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone aussi simplement que jâai leur nom et leur adresse. Chaleur de vivre, sourires tendres. Il me semble quâici, Ă Lisbonne, la solitude est moins oppressante. Pas de Porto, denrĂ©e finie, pas de Ginja, autre boisson locale, mais du Kamasutra, doux et amer, Ă lâamande verte. De plus en plus sâimpose cette idĂ©e que non seulement je dois revenir ici, mais y habiter. La langue portugaise est merveilleuse, magique et poĂ©tique. Elle avale les mots pour nâen ressortir que la douceur. Je pensais Ă Tabucchi, qui apprit le portugais par amour pour Pessoa. Je pensais Ă Ulysse, au mĂ©tissage parfait des cultures. Nela a ses attaches Ă Lyon, Toulouse, Londres. Elle est venue Ă Paris plusieurs fois. Aux confins de lâEurope, le Portugal se rĂ©gale de rencontres contrastĂ©es. Un peu Ă©mĂ©chĂ©e, ivre de Lisbonne, je tĂąche de rassembler quelques Ă©lĂ©ments de cette journĂ©e. Jâentends dans lâAlfama des tĂ©lĂ©viseurs allumĂ©s, un fado lointain, une bande en train de discuter. La Casa do Fado Ă©tait trop froide, certainement, tandis quâO Pereira mâa servi du rĂ©chauffĂ©. Et puis finalement jâentends un voisin de chambrĂ©e ronfler bruyamment. La saudade, ce sentiment intraduisible qui ressemble un peu Ă de la nostalgie, se vit. Elle nâest ni triste ni gaie. MĂ©lancolique, douce et Ăąpre, violente et sincĂšre, le fado lâexprime par son souffle et son Ăąme. Je mâoublie dans la musique. Il faut venir Ă Lisbonne seul, pour ne lâĂȘtre plus jamais, et agrandir son Ăąme. Samedi 27 avril 11h00. Je rejoins Manoel, comme prĂ©vu, mais lĂ©gĂšrement en retard. Il mâattend dans un cafĂ©, pour me montrer la Feria de ladre, du cĂŽtĂ© de Graça, câest-Ă -dire la foire aux voleurs. Partout par terre, des particuliers ont installĂ© leurs marchandises, comme un immense vide-grenier, en plein air. On trouve de tout ici, et des cartes religieuses et autres bibelots de priĂšre cĂŽtoient sans jurer un nombre impressionnant de revues pornographiques, le tout vendu Ă des prix dĂ©risoires, quâil convient cependant de contester. On se promĂšne dans des allĂ©es bordĂ©es de fils Ă©lectriques et de matĂ©riel de bricolage, de disques anciens et de livres, de bijoux simples mais rutilants. Jây achĂšte ce qui sera mes souvenirs de voyage, selon la tradition, Ă disperser Ă mon retour, mĂȘme si jâaimerais y Ă©chapper, et cela mâoblige Ă rĂ©flĂ©chir au plus typique, et donc au plus diffĂ©rent de moi, et de la France au fond une simple nuance, parfois tĂ©nue, parfois criante, mais de ce cri qui appelle Ă rester. BientĂŽt mon guide et interprĂšte me laisse, pour rejoindre son pĂšre, mais nous devons nous retrouver a 15h00 pour visiter BelĂ©m, autre joyau de Lisbonne. Je privilĂ©gie une adresse de quartier pour dĂ©jeuner Ă part la barriĂšre de la langue, je me sens Ă nouveau confondue parmi les autochtones, et me laisse aller Ă rĂȘver de nâen plus repartir. Jâai dĂ©jĂ pris quelques habitudes, et me suis dĂ©faite de celles françaises, ce qui finalement nâest pas si difficile, mais une invite au vĂ©ritable voyage, celui oĂč lâon part de soi pour se retrouver autre. La couleur locale a dĂ©jĂ dĂ©teint sur moi, et je nâai quâun lĂ©ger effort a faire pour aller de lâavant. 15h00 Rendez-vous manquĂ© pour aller Ă BelĂ©m avec Manoel, et je nâarrive pas Ă le joindre par tĂ©lĂ©phone. Du coup jây vais seule, certaine de pouvoir me dĂ©brouiller, comme au premier jour. Un trolley moderne mây emmĂšne, passant sous le pont imposant 25 de Abril. De lĂ on aperçoit bien, sur lâautre rive du Tejo, la statue du Christ en rĂ©plique Ă celle de Rio de Janeiro - Cristo Rei, bras ouverts a tous les voyageurs -. Malheureusement je ne pourrai aller la voir de plus prĂšs, car dĂ©jĂ sâannonce le compte Ă rebours. Je reste sur la rive droite de la Mer de Paille. Une autre fois sĂ»rement je goĂ»terai lâair marin et les poissons des Ăźles⊠ArrivĂ©e Ă BelĂ©m, jâopte pour le port, ne sachant trop quoi voir de ce quartier cĂ©lĂšbre. Le temps de mâapercevoir que le Jardim de Ultramar se trouve de lâautre cĂŽtĂ© de lâavenue principale, je ne peux mây promener et aller sur les traces de Pessoa quâune demi-heure avant la fermeture. On y trouve de longues allĂ©es bordĂ©es de palmiers, un jardin japonais, des oies en libertĂ©, et surtout des statues de visages africains sculptĂ©s dans une pierre noire de jais, Ă lâeffigie de diffĂ©rentes tribus, qui rappelle lâhistoire coloniale du Portugal, dans sa version pacifiĂ©e et reposĂ©e. Je dĂ©cide de revenir demain et vais grignoter dans la fameuse Pasteleria de BelĂ©m je ne me refuse pas un petit plaisir touristique, et je fais bien, car leurs produits sont vĂ©ritablement dĂ©licieux, de ceux dont les papilles gardent le souvenir longtemps aprĂšs. 18h00 Je rejoins au cafĂ© Vyrus, trĂšs moderne, le groupe dâamis du premier jour. Nous nâabandonnons pas les recherches du cafĂ© Snob et de JoĂŁo Cesar Monteiro, mais dans le Bairro Alto, quartier des sorties nocturnes, une vieille dame nous dit quâil a disparu. Nous gagnons alors le Meia Note, lieu de rendez-vous ce soir des aficionados de Moon Spell, un groupe de hard rock dont je nâai jamais entendu parler un point partout. Au milieu du vacarme et de la foule, quelques figures Ă©mergent, maquillĂ©es de noir et arborant des bracelets cloutĂ©s, aux coiffures punk ou gothiques. Debora sây sent Ă lâaise ; pour ma part, jâai envie de fuir, mais des membres de sa famille nous rejoignent. Je suis invitĂ©e Ă revenir en Ă©tĂ©, les rejoindre au bord de lâocĂ©an qui nâest quâĂ quelques kilomĂštres de lâagglomĂ©ration. Qui sait⊠23h00 Changement de cap ; nous optons pour un nouveau cafĂ© dont la dĂ©coration est rouge, ce qui a le don dâattirer les prostituĂ©es du quartier. Kindala, la serveuse, connaĂźt Debora, et toutes les deux parlent de leur BrĂ©sil natal, de la difficultĂ© de se faire comprendre ici, au Portugal. Nous partirons, tous Ă©mĂ©chĂ©s, faire une promenade prĂšs du Tejo, puis irons petit-dĂ©jeuner sur le port tous les samedis soirs, quâon soit dâici ou dâailleurs, se ressemblent. Le rendez-vous avec Nela est ratĂ© ; jâespĂšre quâelle ne mâen voudra pas. Il est temps de tout reconstituer, mais je suis trop Ă©puisĂ©e. Dimanche 28 avril 15h00. Les levers sont de plus en plus difficiles, et les journĂ©es sont trop courtes. Remise Ă peine de ma soirĂ©e dâhier, je mâengage sur la Praça do Comercio inondĂ©e de soleil, dâoĂč lâon prend le bus pour BelĂ©m. Cette fois-ci jâai dĂ©cidĂ© de descendre plus loin, pour visiter la Torre de BelĂ©m. Depuis le tremblement de terre de 1755, celle-ci est proche du rivage, et il suffit de marcher sur une passerelle pour lâatteindre. Est-ce la fatigue ; est-ce lâagacement de mes sens ? Je suis incapable dâen saisir la beautĂ©, et pourtant les visages sculptĂ©s me font de lâoeil. Il me semble quâil sây passe quelque chose comme une domination facile, et une envie de partir qui reste au port. Pessoa est partout, rĂ©gnant en maĂźtre le long des quais, insufflant sa rĂ©signation Ă ceux qui seraient tentĂ©s de sâen aller. Heureusement nous sommes encore en hors saison lâafflux des touristes ne gĂȘne pas trop la contemplation. 18h00 Je rejoins Emir au mĂ©tro Baixa-Chiado pour aller visiter un ensemble moderne assez Ă©loignĂ© du centre de Lisbonne. Entre Exposition Universelle et centre commercial, ce quartier offre un cadre de vie agrĂ©able et humain, Ă lâarchitecture novatrice et rĂ©ussie, trĂšs colorĂ©e. On y trouve encore les constructions dâAsie et dâOrient, des pyramides de verre bleu formant des volcans dâeau, et surtout un curieux tĂ©lĂ©phĂ©rique, qui ne mĂšne pourtant Ă nulle station de ski. Le quartier Ă©tant construit sous le signe de la mer, le toit en verre et acier du bĂątiment principal dĂ©verse en continu de lâeau, faisant ainsi jouer les rais de lumiĂšre sur le sol carrelĂ© et nos visages tournĂ©s vers les cieux. Il y fait bon vivre, et nous nous attablons autour de spĂ©cialitĂ©s portugaises comme le leiton, viande de petit cochon, dissertant Ă loisir sur la sensualitĂ© de Lisbonne, son ouverture au monde, son mĂ©tissage ancestral. 21h00 Retour au centre. Nous dĂ©couvrons un petit jardin magique par cette nuit de pleine lune, que lui-mĂȘme ne connaĂźt pas. Des statues fantomatiques de grands voyageurs, comme Vasco de Gama, et dâautres figures inconnues, sont enlacĂ©es par le lierre, reposant tranquillement Ă lâabri de regards trop curieux. Le quartier de sortie Bairro Alto nous offre un dernier verre de Ginja, puis je quitte Emir. A vrai dire, je ne rentre pas de suite, car divers bruits comme des klaxons mâont avertis quâil se prĂ©parait une grande fĂȘte et en effet les supporters de lâĂ©quipe de foot Sporting sont en liesse, et envahissent les abords de la Praça do Municipe. Partout ce nâest que fanfaronnades. Je me faufile parmi la foule aux couleurs vertes du club pour tenter de les photographier, en me faisant passer pour un reporter professionnel. Je rentre cette fois-ci un brin de gaietĂ© mâanime, et je mâendors apaisĂ©e. Lundi 29 avril 12h00 Nâayant rĂ©servĂ© que pour quatre nuits, je me vois contrainte de dĂ©mĂ©nager. Fort heureusement, la chambre n° 1 de la mĂȘme pensĂŁo est libre retour Ă la case dĂ©part ; je refais puis dĂ©fais rapidement mes bagages, ce qui me donne un avant-goĂ»t du lendemain... Le Jardin de BelĂ©m est fermĂ© le lundi ma derniĂšre tentative pour y aller est ratĂ©e. Pendant ce temps la garde nationale change la relĂšve. Je choisis quelques cartes postales, qui me permettent de contempler tout ce que je nâaurais pas pu voir. Sur le chemin du retour, je mâarrĂȘte Cais de Rocha, et me perds au milieu du quartier des ambassades, loin des quartiers rĂ©putĂ©s, mais plus proche du Lisbonne des Lisboetes. Quelques perles dâarchitecture et de dĂ©coration baroque ; la vie paisible, calme et dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Quelques fissures, aussi, et des boutiques dĂ©finitivement fermĂ©es, me rappellent que le Portugal est victime de la crise, comme partout en Europe. Retour au Baixa-Chiado, vers le Teatro da Trindade, pour prendre les photos que je mâĂ©tais promises de refaire. Car jâai voulu que ce dernier jour soit libre de toute contrainte de parcours, afin de revenir sur les jours prĂ©cĂ©dents. Un peu plus loin la Torre de Santa Justa sâoffre Ă moi. AngoissĂ©e de nâavoir pas tout vu, je grimpe dans cette construction toute mĂ©tallique de Gustave Eiffel, qui nâen vaut pas forcement la peine, et me confirme dans mon Ă©trangetĂ©. Je ne partirai pas sans aller au cinĂ©ma. Je me mets a la recherche de la cinĂ©mathĂšque portugaise, qui a dĂ©mĂ©nagĂ© depuis peu. AprĂšs de longues pĂ©ripĂ©ties, je finis par dĂ©couvrir quâelle Ă©tait Ă cĂŽtĂ© de mon point de dĂ©part. Ce soir on joue " O homem desaparecido ", de Imamura. La version originale japonaise est sous-titrĂ©e en anglais. 22h00 Je me perds complĂštement dans le Bairro Alto, Ă la recherche du cafĂ© rouge oĂč mes amis et moi Ă©tions lâautre jour, mais impossible de le retrouver ; il semble sâĂȘtre envolĂ©. Je ne rĂ©ussis quâĂ rencontrer un groupe de jeunes marginaux qui vont aux catacombes, et mâinvitent Ă les suivre, mais je dĂ©cline la proposition. DerniĂšre recherche du cafĂ© Snob dans une quatriĂšme rue Ă gauche, qui nâexiste pas. Au Brasiliera, le cafĂ© oĂč allait Pessoa, je prends un dernier verre de Porto ; je suis leur derniĂšre cliente, et demain je dois disparaĂźtre de cette Lisbonne si enchanteresse, oĂč je me sens uma pessoa. 30 avril Eu sou. Fica.
Apaiseton cĆur et fleuris ton Ăąme.. incroyable ce livre. 26 Nov 2021
0% found this document useful 0 votes185 views56 pagesDescriptionJournal francaisCopyright© © All Rights ReservedAvailable FormatsPDF, TXT or read online from ScribdShare this documentDid you find this document useful?0% found this document useful 0 votes185 views56 pages2018-03-10 LiberationJump to Page You are on page 1of 56 You're Reading a Free Preview Page 9 is not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 13 to 24 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 28 to 30 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 34 to 45 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 49 to 52 are not shown in this preview. Reward Your CuriosityEverything you want to Anywhere. Any Commitment. Cancel anytime.
438Likes, 0 Comments - Lilya B.F | Auteur (@douceurandsabr_) on Instagram: âLivre « Apaise ton coeur et fleuris ton Ăąme » â
Laurent Huguelit nous annonce joyeusement ce qui nous attend de mieux. Il le fait Ă merveille ! » Blaise Leclerc Laurent Huguelit En trente-six propositions, Laurent Huguelit nous invite Ă considĂ©rer le jardin comme un espace prĂ©servĂ© dans lequel intĂ©gritĂ©, respect et Ă©coute sont cultivĂ©s au mĂȘme titre que de bons lĂ©gumes, des fruits juteux, et un univers de biodiversitĂ©. PrĂ©sentation LâhumanitĂ© prendra racine au potager, au verger, au jardin ornemental, sur les balcons, dans les parcs, les espaces verts et fleuris. Elle trouvera au jardin des solutions Ă la plupart de ses problĂšmes Ă©conomiques, sociaux, alimentaires et existentiels. Des activistes du jardinage, voilĂ ce dont le monde a besoin. » Au fil des pages et des propositions, lâauteur invite Ă pratiquer une approche intĂ©grale oĂč jardinage et spiritualitĂ© se combinent avec grĂące, les mains dans la terre et la tĂȘte dans les Ă©toiles. Toutes les thĂ©matiques chĂšres Ă la permaculture sont abordĂ©es dans cet ouvrage la conception design, la connaissance du sol, les gestes culturaux, la rĂ©silience⊠et le plaisir de vivre au paradis, sur la planĂšte Terre. Lâauteur PassionnĂ© de jardinage bio et de permaculture, Laurent Huguelit est connu pour son travail de pionnier dans le domaine de la spiritualitĂ©. NĂ© en Suisse dans une famille proche de la terre, il Ă©crit, enseigne et cultive son jardin au quotidien, avec sa compagne AngĂ©line Bichon. Il est lâauteur de Fusion, de MĂšre, des Huit Circuits de conscience et coauteur de Le Chamane & le Psy. Contributeurs PrĂ©face Blaise Leclerc Illustrations AngĂ©line Bichon Ils en parlent StĂ©phane Allix Le travail de Laurent Huguelit, explorateur de lâĂąme et des mondes invisibles, permet que le chamanisme devienne un outil dâĂ©volution plus accessible Ă notre monde occidental. Quand vous recevez ce livre, tout y est soignĂ©, harmonieux ⊠C'est beau... Voyageons Autrement Laurent Huguelit est un explorateur de lâĂąme et des mondes invisibles. Missions Vertes - IDFM Formidable ! Un livre destinĂ© Ă tous. Ăcoutes Voyageuses podcast La tĂȘte dans les Ă©toiles et les mains dans la terre.
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Bonjour Ă toutes et Ă tous !đ€ Dans cette nouvelle chronique, fantasy, romance et aventure sont Ă lâhonneur, Ă travers le livre Scarlet Soul, tome 1 de Kira Yukishiro, aux Ă©ditions H2T. Dans un premier lieu, je fus attirĂ© par la couverture prĂ©sente Ă lâintĂ©rieur du magazine ShĆjo Addict. Jâai alors lu le rĂ©sumĂ© qui mâattirait tout autant. > Quâest-ce que ShĆjo Addict ? Pour celles et ceux ne connaissant pas, câest un petit magazine trimestriel gratuit créé par Pika Ă©dition. Vous pouvez retrouver le compte Instagram ShojoAddictMag pour voir les parutions. Pour lâinstant, seulement cinq magazines sont sorties. Il est Ă savoir que ShĆjo Addict, nobi nobi ! et H2T appartiennent Ă Pika Ădition. > Pourquoi cette crĂ©ation ? Ce concept a vu le jour lorsque cette fameuse maison dâĂ©dition a dĂ©cidĂ© de remanier sa collection shĂŽjo en trois sous-collection Cherry Blush Votre dose de romance quotidienne attention, premier amour en vue ! », Purple Shine Quand magie et fantastique sont sur le devant de la scĂšne ! » et Red Light Ă la recherche de contenus plus Ă©picĂ©s ? Vous ĂȘtes au bon endroit ! ». DĂšs Ă prĂ©sent les nouveaux mangas seront identifiĂ©s ainsi. > Comment va-t-on les reconnaĂźtre ? Sur le dos et sur la couverture arriĂšre des nouveaux livres, une couleur et un pictogramme sont visibles pour se repĂ©rer. Pour les Cherry Blush, la couleur est rose, pour les Purple Shine, la couleur est violette et pour les Red Light, la couleur est rouge. > De quoi traite le magazine ? En rĂšgle gĂ©nĂ©ral, il nous prĂ©sente six nouveaux mangas Ă paraĂźtre durant le trimestre et un tutoriel cuisine ou DIY, le planning de tous les mangas Ă paraĂźtre durant le trimestres chez Pika Ădition, nobi nobi ! , H2T et une carte postale exclusive. > OĂč peut-on le trouver ? Vous pouvez le trouver uniquement dans les salons et dans les librairies et magasins partenaires comme Cultura, par exemple. > Quâest-ce quâun shĆjo ? Les mangas ne sont, dans la majoritĂ© des cas, pas rangĂ©s par genre mais par tranches dâĂąge. âą Kodomo destinĂ© aux lecteurs de moins de dix ans, sans distinction de sexe. âą ShĆnen destinĂ© Ă un public compris entre huit et dix-huit ans, dirigĂ© principalement vers des lecteurs masculins jeunes. âą ShĆjo destinĂ© Ă un public compris entre huit et dix-huit ans, dirigĂ© principalement vers des lecteurs fĂ©minins jeune. âą Seinen destinĂ© Ă un public compris entre seize ans et plus, dirigĂ© principalement vers des lecteurs masculins adultes. âą Josei destinĂ© Ă un public compris entre seize et plus, dirigĂ© principalement vers des lecteurs fĂ©minins Bien sĂ»r, ceci est thĂ©orique. Certaines catĂ©gories peuvent ĂȘtre lues Ă tous les Ăąges et Ă tous les sexes. Parlons Ă prĂ©sent du livre. Ce fut une excellente dĂ©couverte. Je lâai dĂ©vorĂ© et relu deux fois de suite. Il est rangĂ© dans la catĂ©gorie shĆjo et plus prĂ©cisĂ©ment dans la sous-collection Cherry Blush. Dans des dĂ©cors aux allures dâAsie, deux genres prĂ©dominent la Fantasy et la romance. Une touche dâhumour vient agrĂ©menter lâunivers fait de mythes et de questionnements. La couverture est magnifique. Elle sait capter le regard du lecteur et est reprĂ©sentatif des illustrations du manga. Elle est trĂšs fleurie et envoĂ»tante. Notre hĂ©roĂŻne Rin, son costume et son monde, en particulier le sanctuaire visible en arriĂšre plan, sont parfaitement mis en scĂšne et choisis pour incarner la premiĂšre de couverture de ce tome 1. Le genre fantasy ressort parfaitement, nous sentons Ă travers les dessins choisis, un univers enchantĂ©. Les couleurs utilisĂ©es pour le couchĂ© soleil renforcent cet aspect. Le choix du titre reste pour lâinstant un mystĂšre car rien ne lui fait rĂ©fĂ©rence durant ce premier volume. Les quatre premiĂšres pages sont plastifiĂ©es et en couleurs, nous permettant ainsi dâapprĂ©hender et de nous donner une idĂ©e sur la vision des personnages par lâauteure. RĂ©sumĂ© Rin Shirano, dix-sept ans, vit Ă Nohmur avec son fidĂšle protecteur Aghyr et la grande prĂȘtresse Lys. Elle vient dâune longue lignĂ©e dâexorcistes, des ĂȘtres capables de dĂ©truire des dĂ©mons, appelĂ©s Sherahtan, grĂące Ă une Ă©pĂ©e sacrĂ©e Hitaken. Le premier ancĂȘtre ne fut autre quâEron Shirano. Par lâintermĂ©diaire de cet Ă©pĂ©e offert par les dieux, il dĂ©truisit les dĂ©mons venu dĂ©truire le royaume. Les Sherahtans restant, furent ensuite envoyĂ©s dans un monde parallĂšle Rumhon. Aucun Sherahtan ne peut y sortir, Ă moins quâHitaken perd ses pouvoirs. Au fil des siĂšcles, les descendants continuent Ă perpĂ©tuer leur mission. Cependant, Rin ne veut pas devenir exorciste et cherche sa voie avec difficultĂ©s. Jusquâau jour oĂč, la grande prĂȘtresse Lys, nâĂ©tant autre que sa sĆur, dĂ©cide de partir sans rien dire Ă personne. Elle confie alors lâĂ©pĂ©e Ă Rin contre son grĂ©. Pourquoi a-t-elle disparu ? Est-ce liĂ©e aux Ă©tranges Ă©vĂ©nements survenus au sanctuaire de lâeau et le comportement suspect dâHitaken ? Les Sherahtans seraient-ils sur le point de revenir ? Avec lâaide dâAghyr, elle part Ă la recherche de sa sĆur, ne se doutant pas une seconde du changement brutal que va prendre sa vie. Cette aventure lui permettra-t-elle dâaccepter sa vĂ©ritable place ? Si ou, Ă quel prix ? Son futur destin la changera Ă jamais⊠Points positifs Au niveau de lâhistoire LâĂ©criture est fluide et simple. Lâhistoire est trĂšs bien menĂ©e. DĂšs les premiĂšres pages, elle pose les bases et les informations, permettant ainsi de comprendre avec facilitĂ© le monde de lâauteure et le but de cette quĂȘte. Nous nous laissons facilement transporter dans lâunivers de Kira Yukishiro. Une fois le livre entre les mains, il est difficile de le refermer. La rĂ©cit est intĂ©ressant car il nâest pas caricaturĂ©. Vous trouvez, certes, les mĂ©chants et les gentils, mais certains Sherahtan ne sont pas des dĂ©mons horribles, au contraire. Cet aspect apporte ainsi une autre dimension vis-Ă -vis des dĂ©mons. Ăgalement, il est Ă noter quâĂ travers la fiction, lâauteure cherche Ă nous laisser un message, celle dâaccepter sa vĂ©ritable identitĂ©, ses diffĂ©rences et ses talents. Elle le vĂ©hicule dans une grande partie du manga. La romance est agrĂ©able Ă dĂ©couvrir, elle est centrale mais reste pour lâinstant Ă©nigmatique. La fin nous laisse prĂ©sager une suite riche en rebondissements et de multiples questions apparaissent. La pointe dâhumour, surtout prĂ©sente au dĂ©but, est plaisant, elle permet de comprendre la complicitĂ© entre nos deux protagonistes principaux. Ce manga nâest pas introducteur, nous rentrons vite dans le cĆur du sujet. Le mystĂšre se met en place petit Ă petit et nous prĂ©sage une aventure semĂ©e dâembuches. Au niveau des illustrations Kira Yukishiro nous prĂ©sente deux façons dâĂȘtres de sa personnalitĂ© des illustrations et des dĂ©cors enchantĂ©es et fleuries, laissant une place Ă lâimaginaire, et des illustrations macabres, avec la prĂ©sence de massacres et dâaffreux dĂ©mons aussi bien physiquement que mentalement. Nous sentons une dualitĂ© Ă©manĂ©e de lâauteure. Le contraste est dâautant plus frappant et percutant lorsque le lecteur prend lâhabitude dâĂ©voluer dans des paysages presque » parfaits, aux accents asiatiques. Sans doute est-ce le but voulu ? La mangaka met un soin tout particulier Ă reprĂ©senter la nature. Les personnages et les costumes sont trĂšs bien dessinĂ©s, nous les reconnaissons facilement. Chacun dispose de traits lui Ă©tant propre. De la maturitĂ© ressort sur le visage de Lys, un attrait enfantin pour Rin ou encore un aspect sauvage pour Aghyr. Le protagoniste le plus marquant est Aghyr, ses diffĂ©rences sont bien reprĂ©sentĂ©es. Ses yeux sont hypnotisants et son style lui va Ă ravir. Une douceur et un cĂŽtĂ© protecteur Ă©mane de ces traits. Il est apaisant Ă regarder. La reprĂ©sentation de nos hĂ©ros en chibis est adorable. Points nĂ©gatifs Au niveau de lâhistoire Le propos tenu par la suite nâest pas, Ă mon sens, un point nĂ©gatif. Cependant, elle pourra gĂȘner dâautres lecteurs. Lâhistoire nâest pas dâune grande originalitĂ©. Cet univers est rĂ©current dans les mangas fantasy. Certains aspects, en particulier la complicitĂ© entre Rin et Aghyr, le long voyage pour chercher des rĂ©ponses⊠mâont semblĂ© trĂšs proche de Yona, Princesse de lâaube de Misuho Kasanagi. Certaines scĂšnes pourront choquer un public trĂšs jeune ou sensible. Au niveau des illustrations Les scĂšnes macabres nâont pas su me sĂ©duire, bien quâils sont logiques Ă©tant donnĂ© les circonstances. Quelque fois, nous faisons des retours dans le passĂ© ou allons dans le futur, malheureusement, ce nâest pas toujours mentionnĂ©. Par consĂ©quent, nous nous retrouvons perdu. Les personnages principaux Rin lâhĂ©roĂŻne est trĂšs maladroite mais ne connait pas ses capacitĂ©s et son courage. Elle ne sait pas ce quâelle veut faire de sa vie et Ă©choue dans tous les domaines. Elle pourrait devenir prĂȘtresse mais ne le souhaite pas. Par consĂ©quent et Ă cause de sa relation avec un Sherahtan, elle subie les moqueries et les humiliations du peuple constamment. Aghyr il est doux, protecteur et aimant Ă lâencontre de Rin. Il est prĂȘt Ă tout pour la prĂ©server du danger mais cache de nombreux secrets. Il Ă©prouve des sentiments forts pour elle mais cherche Ă les refouler Ă©tant donnĂ© sa condition. Lys elle nâa jamais rejetĂ© sa sĆur, elle cherche Ă lâaider et croit en son potentiel. Points positifs des personnages Le grand point fort de ce premier volume est le couple Rin et Aghyr. Sans eux, lâhistoire auraient un tout autre aspect. Leur complicitĂ© et leur amour sont touchants Ă dĂ©couvrir. Ils en deviennent attachants. Ils se complĂštent parfaitement et se ressemblent beaucoup intĂ©rieurement. Leurs cĆurs sont blessĂ©s et leurs souffrances sont Ă vif. Ils sont tous les deux rejetĂ©s par leurs semblables Ă cause de leurs diffĂ©rences. Ils se sont parfaitement trouvĂ©s. Un profond amour est nĂ© entre eux mais il a des difficultĂ©s Ă immerger complĂštement. Leur relation se passe avec douceur et tendresse. Rien nâest prĂ©cipitĂ©. Rin apporte une pointe dâhumour malgrĂ© elle, par sa maladresse ou son comportement. Elle a un cĂŽtĂ© enfantin permettant dâapporter de la lĂ©gĂšretĂ© Ă lâhistoire. NĂ©anmoins, elle Ă©volue et prend de lâassurance au fil des pages. Ses proches lui sont dâun soutien trĂšs important, afin de lâaider Ă ne pas baisser les bras. Sa tĂ©mĂ©ritĂ© se dĂ©veloppe, prenant conscience de sa place. Il sera intĂ©ressant de les voir Ă©voluer. Points nĂ©gatifs des personnages Aucun point nĂ©gatif ne mâa semblĂ© visible. Conclusion Une sĂ©rie prometteuse. Un manga mĂȘlant les genres Fantasy et romance avec rĂ©ussite. Lâauteure nous propose, certes, un univers peu original mais dâune grande qualitĂ© aussi bien narrative, que graphique. Le lecteur se laissera transporter dans ce monde aux accents enchantĂ©s. Un livre Ă dĂ©couvrir sans hĂ©sitation pour les amoureux des shĆjos. Il me tarde de lire la suite⊠Note 5/5 Citation tirĂ©e du livre Dans la vie, il suffit dâune personne, dâune seule personne qui en croie en toi pour retrouver lâespoir et la force nĂ©cessaire de poursuivre ta route⊠[âŠ] Câest pourquoi tu ne dois jamais baisser les bras, jamais ! [âŠ] Je pense que tant quâon continue dâessayer, lâĂ©chec nâexiste pas. Vous nâavez quâĂ croire en vous et en ceux qui vous soutiennent. La dĂ©cision vous revient. Sous quels formats puis-je le trouver ? Vous pouvez le trouver en version livre numĂ©rique et en version brochĂ©e, format moyen. OĂč puis-je me le procurer ? Vous pouvez lâacheter sur Amazon, la Fnac, Cultura et Decitre. Bonne lecture !đ
L06w. ob19ut395o.pages.dev/115ob19ut395o.pages.dev/12ob19ut395o.pages.dev/201ob19ut395o.pages.dev/151ob19ut395o.pages.dev/222ob19ut395o.pages.dev/475ob19ut395o.pages.dev/261ob19ut395o.pages.dev/488
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